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Buchtirad, 2 septembre.

Le Roi persiste à vouloir m’envoyer au-devant de Mme la Duchesse de Berry. Cette démarche m’est infiniment pénible, mais je ne puis faillir à ce nouveau devoir. Voici les instructions écrites que Charles X me donne :

« Quoique des communications diplomatiques m’aient annoncé que la Duchesse de Berry allait incessamment partir de Naples pour se rendre à Prague, je ne puis croire qu’elle n’ait pas attendu l’autorisation qu’elle a sollicitée de moi et ma réponse aux dépêches du Roi, son frère. Dans tous les cas, le comte de Montbel se rendra près de cette princesse là où elle se trouvera, il lui remettra la lettre que je lui adresse, il lui expliquera mes intentions positives et irrévocables. Il s’attachera à lui persuader que ce que j’exige d’elle m’est dicté non par le ressentiment du profond chagrin qu’elle m’a causé, mais par ses intérêts les plus réels et les plus précieux et par ma conviction intime que je dois à mes enfants, à ma famille, à elle-même de ne la revoir que lorsque sa position sera complètement régularisée. »


1er septembre 1833.

Pour compléter la copie de ces documents, je tiens à ajouter ce que le Roi adresse à la Duchesse de Berry par mon entremise. Cette lettre avait été écrite le 25 août avant que Charles X connût la brusque décision prise par Madame de venir à Prague sans attendre l’autorisation du Roi. A ces lignes, Charles X ajouta hier un post-scriptum :


Buchtirad, 25 août 1833.

« J’ai reçu, ma chère petite, votre lettre du 19 juillet et j’ai écouté avec intérêt tous les détails qui m’ont été donnés par M. de Milanges sur votre situation. Je ne vous ferai point de reproches pour les torts que vous avez pu avoir envers moi et ma famille ; vous m’assurez qu’ils ont été causés par la très fâcheuse position où vous vous trouviez et j’aime à n’en pas douter. Croyez aussi que j’ai vivement senti tous les malheurs qui sont tombés sur vous et que je désirerais adoucir.

« M. de Chateaubriand s’est acquitté de toutes les commissions que vous lui aviez données pour moi. Je lui avais répondu avec franchise sur les objets qui vous concernent et particulièrement