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« Je répondrai que je verrai toujours dans la Duchesse de Berry la veuve d’un fils qui m’était bien cher, la mère de mes petits-enfants et enfin la sœur de Votre Majesté, mais qu’avant de lui permettre de se rendre à Prague, j’avais un devoir sacré d’honneur et de conscience à remplir envers moi, envers Votre Majesté, envers la Duchesse de Berry elle-même. Dans ses intérêts véritables, dans les intérêts de ses enfants, j’exigeais la régularisation la plus complète et la plus authentique d’une situation à laquelle une malheureuse publicité ne peut permettre de s’envelopper désormais dans un mystère qui serait honteux et coupable. Afin d’amener une prompte solution sur une situation qui touche si directement à l’honneur de notre famille, j’avais ordonné au comte de Montbel qui possède ma confiance et celle de la Duchesse de Berry de se rendre auprès de Votre Majesté pour s’entendre avec elle sur les moyens de terminer honorablement et sans bruit cette malheureuse affaire en conciliant autant que possible les affections et les devoirs. Dans le moment où cet envoyé recevait mes derniers ordres, il a été prévenu par M. de Caraffa de la détermination que la Duchesse de Berry venait de prendre pour son départ immédiat, avant même que les demandes de Votre Majesté et les siennes me fussent parvenues.

« Je n’ai pu qu’être profondément affligé que, cédant à des conseils aussi pernicieux que déraisonnables, la Duchesse de Berry ait abandonné l’asile que les circonstances actuelles rendaient seul convenable pour elle, oubliant les égards qu’elle devait à Votre Majesté aussi bien que ses torts envers moi et sa famille. Sa conduite actuelle ne changera rien à mes résolutions. Après m’être entendu avec l’Empereur, je ne consentirai à la recevoir que lorsque les conditions que j’exigeais seront remplies. La régularisation de la situation de la Duchesse de Berry est un intérêt qui nous est commun. Je compte que Votre Majesté me secondera dans tout ce qui dépendra d’elle pour l’accomplissement de semblables devoirs. Pour que Votre Majesté connaisse complètement ma pensée, je lui envoie ci-joint la lettre dont j’avais chargé le comte de Montbel. »

CHARLES.