Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 14.djvu/839

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

famille royale s’effraie en pensant que la princesse pourrait arriver prochainement.

— Je ne veux pas me trouver au milieu de semblables scènes, m’a dit le Dauphin [1]. Si elle vient, je me hâte de partir, rien ne me retiendrait ici.

Mme la Dauphine [2] s’alarmait à la pensée que ses neveux pourraient lui être enlevés par leur mère. Je cherchai à calmer ses craintes, mais, malgré tout, elle voulut que j’écrivisse à M. de Metternich. Je l’ai fait en demandant que l’Empereur rassure l’infortunée princesse, qu’il explique l’impossibilité pour Mme la Duchesse de Berry de soustraire ses enfants à la protection et la tutelle de Charles X. J’attends une réponse incessamment.


Buchtirad, 18 août.

L’Empereur et l’Impératrice sont arrivés le 16 à Prague. Mme la Dauphine est allée diner avec eux. Ils lui ont demandé de les venir voir aussi souvent qu’elle voudrait. Aujourd’hui, dans la matinée, toute la famille royale quittait Buchtirad, emportée par un équipage hélas ! bien modeste. Le roi et ses enfants se rendaient ainsi chez l’Empereur pour déjeuner. A leur retour, le Duc de Bordeaux vint me raconter cette visite dont il est enchanté. Avec un enthousiasme charmant, il me vanta l’amabilité de l’Impératrice et la bonne chère qu’il avait faite. A cette réunion se trouvaient, outre les souverains d’Autriche et la famille royale, le roi de Saxe et le prince de Mecklembourg. Le Duc de Bordeaux a eu les plus grands succès.

J’ai employé mon temps à diverses écritures.


Buchtirad, 20 août.

M. de Milanges vient d’arriver portant une lettre du roi de Naples pour Charles X et deux lettres de la Duchesse de Berry, l’une destinée à la Dauphine, l’autre au Roi. La seconde est ainsi conçue :

« Mon cher Papa. — Je vous prie de me conserver votre affection comme à une fille qui vous est attachée et soumise. Je conviens que j’ai eu tort de ne pas vous faire connaître ma conduite. Je n’ai été dirigée que par le désir de servir les intérêts de mon fils. Ce n’est que des souffrances morales très

  1. Duc d’Angoulême.
  2. Duchesse d’Angoulême.