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voyageuse au nom de son royal frère. Ayant agréé ses hommages, Son Altesse Royale l’assura qu’elle et sa suite se trouvaient en excellente santé, puis elle manifesta son intention de descendre à terre, vers les 5 heures de l’après-midi, afin d’éviter la grande chaleur du milieu du jour. Elle vit encore que le général Bugeaud, à propos duquel elle laissa percer une certaine indignation, comptait repartir sur-le-champ avec le brigantin. Le duc de San Martino alla donc s’entretenir avec le général, qui ne lui fit aucune allusion au reçu mentionné plus haut et qui exprima son regret d’être obligé de partir immédiatement. Il pria donc le duc d’offrir ses excuses au prince lieutenant-général sur ce que les circonstances l’empêchaient d’aller se faire présenter à Son Altesse Royale, le comte de Syracuse.

A peine le duc de San Martino était-il revenu à terre pour rendre compte à son prince de sa mission, que le Consul français demandait de vive voix au prince de Campo Franco, ministre secrétaire d’Etat près le lieutenant-général, un document prouvant l’arrivée de Mme la Duchesse de Berry et des personnes de sa suite nominativement désignées. On discuta un moment, puis on convint que les choses suffiraient ainsi. Le général ferait savoir l’arrivée de la princesse royale par une lettre confidentielle au prince de Campo Franco, lequel répondrait, sous la même forme, pour remercier de cet avis et pour attester le débarquement de Son Altesse Royale.

Madame la Duchesse, à peine cinq heures venaient-elles de sonner, se rendit à terre dans un canot. La frégate et le brigantin qui, déjà au moment de l’entrée en rade, avaient procédé au salut d’usage, firent, étant pavoisés, entendre une salve royale à l’instant du débarquement. Les forts de Palerme répondirent. Arrivée sur la plage, Son Altesse Royale monta avec quelques personnes de sa suite dans un carrosse que son royal frère lui avait spécialement envoyé et, pour embrasser ce frère, elle se rendit au palais où lui avait déjà été réservé un appartement. Ensuite, la princesse, se souvenant que l’air d’une région voisine de Palerme, dite « l’Oliveraie, » avait jadis été très favorable à sa santé, y prit une maison appartenant au prince de Butera pour y diner et pour y passer la nuit.

Le général Bugeaud repartit pour Toulon vers six heures du soir, à bord du brigantin l’Actéon, aussitôt qu’il eût reçu réponse à sa lettre.