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employés en 1920-1921 par l’armée irlandaise contre les troupes britanniques, on les voit maintenant employés contre les forces régulières et l’autorité nationale par de petites bandes insaisissables de républicains qui, confondus dans la population civile, ou cachés dans les montagnes, se réunissent pour faire leur coup, et, le coup fait, se disloquent : surprises et coups de mains, embuscades, attaques de détachements ou de convois, meurtres de militaires isolés, petites batailles locales déclenchées à l’improviste, raids, sur bâtiments militaires ou administratifs, sur maisons privées ou châteaux, avec incendie ou destruction par explosifs, fusillade dans les rues, de jour ou de nuit, avec accompagnement de grenades, — certaines nuits, à Dublin, il y a ainsi attaque par les républicains sur huit ou dix points différents. — Ils tirent à l’occasion sur les passants, sur les autos qui circulent. Ils menacent ou mettent à mal les journaux, et aussi les journalistes. Ils détruisent systématiquement les chemins de fer dans le Sud irlandais ; certaines lignes sont ainsi démantelées pièce à pièce. Chaque jour ils font sauter un train, ou l’incendient après l’avoir pillé ; ou bien ils le lancent sur une voie de garage, sur un pont rompu où il s’abîme, ou mieux encore à la rencontre d’un autre train montant. Ils terrorisent les habitants, pillent leurs biens, les forcent à travailler pour eux ou à s’enrôler parmi eux. Par proclamations ils prétendent interdire à la population d’obéir au Gouvernement régulier, de prêter serment, de payer l’impôt.

Puissants et redoutés dans certains comtés du Sud Ouest, ils en tiennent d’autres sous la menace constante de leurs incursions inopinées. Ils ne reculent pas devant les pires excès. Comme autrefois, on trouve sur le bord des routes des cadavres avec ce papier épinglé : « Espion. Armée républicaine. » Un Anglais, conducteur d’auto, qui a commis le crime de conduire Collins dans sa voiture, est enlevé de chez lui par des hommes masqués et tué. On commence à voir dans les villes des jeunes filles maniant les bombes. A Dublin, en plein jour, des automobilistes s’arrêtent dans un endroit peu fréquenté, sortent de leur voiture deux hommes qui se débattent, les collent contre un mur et les exécutent à coups de révolver. A Gort, près de Galway, lors des funérailles d’un soldat régulier tué dans une embuscade, ils ouvrent le feu sur le cortège et tuent un officier de l’assistance. Dernièrement ils font une descente dans un