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complète satisfaction ; elle sanctionne, en effet, l’occupation par la Pologne de la ville et du territoire de Wilno d’une part, et, de l’autre, elle attribue définitivement à la Pologne la Galicie orientale, à charge d’y établir une administration particulière et d’y respecter les droits des autres nationalités. Le fait que la Pologne a, au Sud, une frontière commune avec la Roumanie, et, au Nord, avec la Lettonie, séparant le territoire lithuanien du territoire russe, prend à la lumière d’un passé récent une capitale importance. Le comte Skrzynski, ministre des Affaires étrangères de Pologne, venu à Paris à cette occasion, a tenu un langage particulièrement satisfaisant ; il a manifesté le désir de résoudre, entre la Pologne et la Tchécoslovaquie, les dernières difficultés de frontière (affaire de Javorina) et de transformer, par l’adhésion complète de la Pologne, la Petite-Entente en une Quadruple-Alliance. Ainsi va se raffermissant l’Europe nouvelle sortie des traités qui consacrent la victoire des Alliés et la libération des peuples. La Lithuanie elle-même comprendra peut-être que son intérêt l’engage à ne pas rester isolée et que sa dignité lui interdit de s’appuyer sur l’Allemagne ou sur la Russie. M. Galvanauskas, président du Conseil, se défend de suivre une telle politique. Il vient de dissoudre la Diète et séjourne actuellement à Paris avec les délégués de Memel afin dérégler les conditions de la réunion de Memel et de son territoire à l’État lithuanien.

On peut espérer que la Turquie nationaliste s’achemine, elle aussi, vers une paix définitive. Le projet de réponse aux Alliés et la résolution de reprendre les négociations ont été votés par l’Assemblée par 169 voix contre 20 et 96 abstentions malgré l’active propagande des partisans d’une reprise des hostilités. Le contre-projet est parvenu en Occident et il est en ce moment, à Londres, l’objet d’un examen par une commission où la France est représentée par M. Bompard. L’accord entre les Alliés parait établi ; ils n’admettront la reprise des négociations que sur les points restés en suspens à Lausanne. Leur union montrera aux Turcs la nécessité, bienfaisante pour tous, d’aboutir rapidement à une paix définitive et de réserver leurs énergies pour la tâche difficile de leur patrie à reconstruire et à diriger vers un avenir d’indépendance et de prospérité. La France est prête à leur prêter son concours traditionnellement amical.


RENE PINON.


Le Directeur-Gérant : RENE DOUMIC.