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Mais le ciel resplendit, plein d’astres, et je songe,
Qu’elle rayonne aussi dans l’infini, la Terre,
Qu’en sereines clartés, son éclat s’y prolonge :

Et, le front rafraîchi par ses nocturnes voiles,
Je me sens, à travers l’éblouissant mystère,
Porté, par une étoile, au milieu des étoiles,

LE RETOUR AU CRÉPUSCULE


Vous ne m’en voulez pas si mon âme parfois
Dans l’ombre se retire,
Et si même la fleur qui sourit à vos doigts
Ne me fait plus sourire.

Il est de certains jours où le seul bruit des mots
M’offense et me chagrine ;
Où la musique même, aux suaves sanglots,
N’est plus ma sœur divine.

Vous ne m’en voulez pas si la douce amitié,
Comme un ange visible,
Ne défait pas le nœud dont apparaît lié
Mon cœur trop insensible.

Vous laissez mon esprit, dans un secret exil,
S’enivrer de lui-même,
Oublieux du plaisir, au sceptre puéril,
Au pâle diadème.

Vous ne m’en voulez pas de contempler la mer,
Calme ou bouleversée,
L’être tout frémissant au sublime concert
De ma propre pensée.

Vous ne m’on voulez pas, seul, parmi les rochers
Que le flot âpre entame,
De chercher les joyaux que les dieux ont cachés
Dans le fond de mon âme.