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Une grave douceur baigne mon cœur charnel,
Le suave fantôme au fond des eaux se plonge ;
L’étoile de Marie, en un halo de songe,
Attire ma raison vers le surnaturel.

J’entends distinctement l’appel de l’invisible !
Je vois s’évanouir, aussi prompt qu’un éclair,
Le tumulte pompeux de l’univers sensible.

Et le myrte païen, chargé de fruits, l’hiver,
Offre mystiquement à ma ferveur ravie
Le symbole chrétien de l’éternelle vie.

L’ÉNIGME


Une aile sur la mer, une aile solitaire,
Palpitante, au milieu d’une étrange torpeur...
Les choses ont perdu leur robe de vapeur,
Mais le soleil ne fait qu’augmenter leur mystère.

Le sommeil chatoyant des eaux et de la terre,
Tant d’immobilité, tant d’ors et tant d’ardeur,
Inexplicablement inquiètent mon cœur,
Et j’aspire à la nuit dont l’ombre désaltère.

Mais à quoi bon rêver à ses baumes épars ?
La plage resplendit de multiples regards,
Dans chaque grain de sable un prodige étincelle.

Et là-bas, ce rocher au robuste contour,
Comme un sphinx de granit, couronné par le jour,
Propose à ma pensée une énigme éternelle.

RONDEL


La trace de ton pied, sur le sable des plages,
S’efface au vent léger qui la touche de l’aile :
Chaque seconde rend l’empreinte moins fidèle,
Et la vague bientôt la recouvre d’herbages.