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l’Archéologie du Haut-Commissariat d’une certaine autonomie, qu’impose l’esprit de particularisme des Damascains, est placé au point de vue archéologique sous le patronage de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et sous le rapport de l’art musulman sous celui de l’Académie des Beaux-Arts. Je demande aux membres des deux Académies de me permettre de leur exprimer de nouveau mes remerciements. Ce faisant, messieurs, vous avez non seulement servi l’art et l’archéologie, vous avez en même temps facilité aux représentants de la France l’œuvre difficile et belle du mandat ; vous les avez aidés, suivant une formule du pacte de la Société des Nations, à guider, c’est-à-dire à éduquer les nations qui nous sont confiées, ce dont leurs maîtres de jadis n’avaient, certes, jamais eu aucun souci.

Cette œuvre du mandat n’a pas toujours été comprise, ni ses résultats appréciés. L’on s’est étonné parfois que, puisque la France était appelée au Liban et en Syrie par le vœu des populations, ses soldats aient eu à se battre. D’aucuns les ont accusés d’idées de conquêtes.

Quelle erreur et quelle injustice ! On m’accordera sans doute que le premier devoir de la nation mandataire était d’assurer l’indépendance et la sécurité à la nation dont elle acceptait la charge, et qui sortait pantelante de la guerre et de la famine. Et c’est pour accomplir ce devoir généreux que les braves soldats de l’armée du Levant se sont battus au profit des Libanais et des Syriens, contre leurs agresseurs, les Arabes de Fayçal et les Turcs de Mustapha Kemal. Peut-on leur reprocher d’avoir, à l’heure où l’armée française se reposait, ajouté à la moisson de lauriers de la Grande Guerre le rameau modeste, mais vert, des combats libérateurs de Syrie.

Ces braves soldats, vos missionnaires, comme Renan jadis, les ont connus : ils ont bénéficié de leur aide intelligente et dévouée, et sans eux M. Franz Cumont ne serait pas allé admirer les étonnantes peintures murales de Salihiyeh.

Mais les critiques du mandat disent encore : À quoi bon ? N’en avons-nous pas assez ? Qu’allons-nous faire là-bas ?

Ce n’est pas ici le lieu d’exposer l’intérêt que présente la Syrie au point de vue économique ni même politique ; mais, sans sortir du domaine de l’Art et de l’Archéologie, est-il indifférent que, persévérant dans nos vieilles traditions, nous restions les éducateurs de peuples dont nos missionnaires ont formé