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d’origine italienne, mais nul doute que des maîtres français trouveraient des élèves intelligents et bien doués.

M. Henry Bidou a constaté aussi que la musique arabe n’existe guère en Syrie ; même au fond des vallées les plus reculées on trouve mélangées avec elle la musique turque et la musique européenne. Il n’y a rien dans le pays qui ressemble à un développement musical autonome. Toutefois, un musicien syrien, M. Sabra, qui a été organiste à Paris, a fait de sérieuses tentatives pour appliquer les procédés musicaux de l’Occident à la musique orientale. Il n’a pas seulement composé, suivant la technique occidentale, mais sur des inspirations de son pays, un opéra ; il a construit un piano accordé de façon à donner les intervalles des gammes arabes.

En revanche, les Syriens ont, ou plutôt ont eu, du temps de la domination arabe, un art affiné de la poterie, des cuirs, des cuivres, de la céramique, de la marqueterie et il a paru intéressant, au point de vue artistique comme au point de vue national syrien, de chercher à rénover cet art abâtardi, à lui rendre sa pureté, son élégance primitives, à faire en un mot pour l’art musulman en Syrie ce que le maréchal Lyautey a fait avec tant de succès pour l’art marocain.

Je ne puis nommer ici le maréchal Lyautey, au lendemain de l’émotion qu’a causée, dans l’Islam comme en Europe, la maladie dont il vient de triompher avec son énergie et son bonheur habituels, sans dire tout ce que je dois, dans l’exécution si délicate du mandat français, aux leçons du grand maître qui m’honore de son amitié.

C’est à Damas que, dans ce dessein de conservation et d’étude des vestiges de l’art arabe, et de sa rénovation, a été créé l’Institut français d’archéologie et d’art musulman ; nous avons eu la bonne fortune de pouvoir l’installer dans un magnifique palais arabe, le Palais Azem, dont le Haut-Commissariat a pu faire l’acquisition après une de ces laborieuses négociations dont l’Orient a le secret, et dont vous comprendrez les difficultés, quand je vous dirai que les co-propriétaires étaient au nombre de 118. M. de Lorey a déjà beaucoup poussé les travaux de réfection du Palais Azem et y a réuni une documentation intéressante, comme en témoignent les photographies que j’ai l’honneur de vous communiquer.

L’Institut de Damas, qui jouit vis à vis du Conseiller pour