Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 14.djvu/594

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bel hypogée romain orné de peintures à fresques délicates et bien conservées.

M. de Lorey, à Oum-El-Amad, a repris les travaux de Renan et réussi fort heureusement à dégager deux colonnes : il n’en fallait pas moins pour justifier le nom de la ville, qui signifie la Mère des Colonnes. M. de Lorey s’est ensuite rendu à Damas, où, comme nous le verrons tout à l’heure, ses recherches des manifestations de l’art arabe m’ont amené à créer l’Institut français d’Archéologie et d’Art musulman ; mais il a aussi découvert l’église de la Croix qui fut édifiée dans la maison de saint Ananie, où eut lieu, d’après la tradition, la conversion de saint Paul.

M. Enlart a relevé les plans des églises des Croisés, Djebaïl, Saint-Jean de Beyrouth et cette cathédrale de Tortose qui donne au voyageur comme au savant l’émotion de retrouver au bord de la mer bleue de Syrie une vieille église romane de l’Île de France.

M. Montet, à Byblos, non seulement a trouvé des objets d’art d’une beauté remarquable tels que ce vase à parfum d’obsidienne rehaussée d’or, appartenant à une princesse de la XIIe dynastie, mais de ce fait a fourni la preuve que, dans cette époque reculée, les Égyptiens étaient établis, ou du moins avaient une forte colonie à Byblos ; sans doute étaient-ils attirés par le superbe manteau de forêts du Liban ; peut-être aussi, comme aujourd’hui les riches habitants de la chaude vallée du Nil, les princesses royales venaient-elles chercher la fraîcheur dans les montagnes libanaises.

Enfin, sur les bords de l’Euphrate, M. Cumont, reprenant les travaux de M. Henri Breastedt, professeur à l’Université de Chicago, a mis au jour des peintures murales fort belles et d’un vif intérêt, représentant, l’une, un sacrifice familial oriental, l’autre, une cérémonie religieuse et militaire devant l’étendard romain et a pu identifier Salihiyeh avec la colonie grecque d’Europos et la ville romaine de Doura. L’Euphrate avec ses châteaux conjugués de Halybieh et de Salybieh, la vaste enceinte de Rakka qui fut un des séjours favoris de Haroun-al-Raschid, réserve encore des surprises ; mais il est regrettable que l’accord d’Angora ait mis hors de notre surveillance et de nos soins les remarquables bas-reliefs hittites de Karkemish.

Les objets d’art, les documents historiques arrachés au sol