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— Vous l’avez ici ? Je pourrai causer avec lui ?

— Dans trois jours, à votre heure.

Vous pensez si j’ai été exact au rendez-vous I

J’ai trouvé, auprès du bon archevêque, un petit homme d’une vingtaine d’années, l’air doux et accablé par le soleil, avec des yeux bleus assez beaux, bridés, précautionnés contre la réverbération. Quand je lui ai tendu la main, pour lui marquer ma sympathie envers sa culture si rare, il l’a saisie vivement et l’a baisée. Je me suis mis à l’interroger.

Je ne crois pas que le lecteur désire que je reproduise tout notre dialogue avec ses redites. C’était un entretien sans philosophie, dont il ne me reste qu’une poignée de faits saugrenus. J’avais espéré mieux d’une religion diabolique ! Pour l’acquit de ma conscience d’enquêteur, permettez que je transcrive les notes que j’ai prises et que je jetterais au panier, si elles ne venaient pas de Mossoul.


Les Yézidis, m’a dit en substance le fils de leur grand-prêtre, adorent le démon, qu’ils appellent le « Roi Paon. » C’est lui qui, avec le concours de son père, a créé les mondes. Le père et le fils sont en lutte, mais ils se réconcilieront un jour.

Le Yézidi, à sa mort, monte droit au ciel. Quant aux autres incroyants, musulmans ou juifs, ils descendent en enfer. Le ciel est composé de trois étages : le plus élevé est l’apanage des Yézidis ; le second, celui de leurs bêtes ; le troisième, celui des chrétiens. Leur paradis est du même caractère que celui do Mahomet. L’enfer est un lieu ténébreux, plein de feu. Ils croient à la métempsycose, qu’ils appellent vulgairement « changement de chemise ». Cependant là-dessus les opinions varient ; les uns tenant pour cette transmigration des âmes, les autres ne l’admettant pas. L’âme serait une substance éthérée et volatile.

Chaque année, ils célèbrent une grande fête à la première semaine d’avril : la fête de Cheikh Mohammed, un certain Mazrani de Bachiga. Dans chaque village, à cette date, on exécute des chants en kurde et on récite quelques prières. Celles-ci achevées, on éteint les lampes et on se livre à toute espèce de désordres.

Les Yézidis possèdent encore le culte du Soleil. Le point de l’horizon où il se lève est pour eux un lieu de pèlerinage. Ils