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est frappante. La froide ténacité du Gouvernement en impose au parlement et à la presse. M. Maginot, ministre de la Guerre, a démontré au Sénat, dans un vigoureux et solide discours, la nécessité du service de dix-huit mois pour que la France ait l’armée de sa politique ; M. Poincaré l’a appuyé, le 6 mars, et a emporté le vote par 193 voix contre 108. La classe 1921 sera maintenue sous les drapeaux pendant environ deux mois jusqu’à ce que les jeunes soldats de la nouvelle classe soient aptes à la remplacer. M. de Lasteyrie, ministre des Finances, a fait voter un nouveau douzième ; il se multiplie pour obtenir de la Chambre un décime additionnel ou toute autre mesure qui manifesterait la volonté du Parlement et du Gouvernement de s’imposer un nouvel effort fiscal. M. Léon Bourgeois s’est vu obligé par son état de santé d’abandonner la présidence du Sénat ; l’affectueuse confiance de ses collègues l’avait réélu, en janvier, malgré sa résistance ; sa démission est, cette fois, définitive et le Sénat a dû se résoudre à le remplacer. MM. de Selves et Doumergue ont obtenu, au premier tour, le même nombre de voix ; au second tour, M. Doumergue l’a emporté par 142 voix contre 133, la majorité absolue étant de 140. M. Doumergue a sans doute bénéficié de l’esprit politique dont il a fait preuve, lorsque, dernièrement, il s’est séparé dos radicaux-socialistes de la Chambre pour approuver le Gouvernement et faire voter l’affichage d’un discours de M. Poincaré.

Le Gouvernement belge donne, chez lui et dans la Ruhr, les mêmes preuves de résolution et de ferme patience que le Gouvernement français. M. Theunis, qui s’affirme comme un homme d’État de haute valeur, est venu récemment à Paris où il a conféré avec M. Poincaré ; M. Jaspar a prononcé le 1er mars au Sénat, en réponse aux attaques d’un socialiste flamingant d’Anvers, un discours vigoureux qui a été très applaudi ; avec les accents d’un honnête homme et d’un patriote, il a montré la Belgique obéissant à ses intérêts en allant avec la France dans la Ruhr : « L’Allemagne pliera, a-t-il terminé, nous n’entendons pas nous retirer de la Ruhr avant que l’Allemagne ait demandé à causer et nous ait fait des propositions raisonnables. Il faut avant tout qu’elle reconnaisse qu’elle est vaincue, définitivement vaincue. Jusque-là, le Gouvernement belge, appuyé par l’immense majorité du Parlement et de l’opinion, restera engagé dans la voie où il est entré, sans faiblesse, la conscience tranquille. »

En Italie, M. Mussolini a fait, lui aussi, au Conseil des ministres, des déclarations intéressantes. Il continuera à prêter à la France et à la Belgique un concours purement économique. Faisant allusion