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et les agents du Reich, sous couleur de résistance passive, organisent le sabotage actif des voies ferrées et des canaux et multiplient les provocations. Le but est toujours de lasser cette patience des soldats alliés, dont s’émerveillait, le 3 mars, le correspondant de la Gazette générale du Commerce d’Amsterdam, et de provoquer un massacre dont ceux qui y poussent ne seraient pas les victimes. L’agence Wolff multiplie les inventions pour faire croire que la Ruhr vit sous un régime de terreur. La répression des violences et des sabotages, surtout de ceux qui pourraient entraîner des accidents, devient plus sévère ; plus nombreuses aussi sont les expulsions et les arrestations de fonctionnaires. Si la population est terrorisée, ce n’est pas par les soldats, dont la tenue exemplaire est constatée par tous les témoins, c’est par les agents du Gouvernement et des sociétés nationalistes. Il n’est pas rare que des commerçants ou de petits fonctionnaires viennent demander à nos autorités militaires de les arrêter pour pouvoir ensuite, sans crainte des représailles, faire du commerce ou travailler avec nous. Le commandement franco-belge procède au désarmement de la police de sûreté (Schupo, Schutzpolizei), qui était la pire instigatrice des troubles : « La Schupo, disait récemment le ministre de l’Intérieur, doit mettre son point d’honneur à se tenir à la tête de la résistance. » Des soldats de la Schupo ayant, à Bochum, maltraité deux officiers français qui s’y promenaient paisiblement, des troupes sont venues, la caserne de la Schupo a été envahie et les soldats désarmés, les fonds des caisses publiques ont été saisis.

La question des transports est résolue et l’accord du général Payot avec les autorités militaires anglaises de Cologne est complet ; la difficulté reste l’extraction du charbon et le chargement des wagons. Une régie des chemins de fer, sous la direction de M. Bréaud, sous-directeur des chemins de fer de l’État, assisté d’un haut fonctionnaire belge, vient d’être organisée et, pour son début, on annonce qu’elle va se trouver en présence d’une grève de quinze jours qui sera, sans doute, comme les autres, partielle ; des cheminots nombreux viennent chaque jour s’embaucher sous la direction de nos ingénieurs et concourent avec 12 000 à 13 000 cheminots français et belges à assurer l’indispensable du service. Symptôme bien significatif, nombreux aussi sont les Allemands qui viennent demander à aller servir dans notre Légion étrangère.

Lorsque furent tracées les têtes de pont de Mayence, Coblentz et Cologne qui devaient être occupées par les Alliés, on prit un compas et on décrivit autour de chacune de ces villes, sur la rive droite du