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non éclairé par un grand cercle. Partant de ce grand cercle, déplaçons-nous à la surface du globe en nous dirigeant vers la lune. Autrement dit, ayant d’abord la lune à notre horizon (et abstraction faite, un instant, de la rotation terrestre), déplaçons-nous de façon à voir monter la lune au-dessus de l’horizon. Les molécules liquides des lieux où nous arrivons successivement, dans ce mouvement, sont attirées par la lune, attirées plus que le centre de la terre. Cette attraction les déplace vers la lune, mais comme elles sont pesantes, le résultat est finalement qu’elles sont mues horizontalement dans la direction du point qui a la lune à son zénith. La force qui les meut dans cette direction est la composante horizontale de l’action lunaire. Elle tend à produire dans les océans des déplacements horizontaux, des courants d’eaux dirigés de toutes parts vers le lieu où la lune est zénithale.

Ce sont ces courants d’eau horizontaux qui sont les agents essentiels des marées. C’est qu’ils agissent en accumulant leurs effets sur les 10 000 kilomètres qui mesurent le quart du tour de la terre, tandis que la composante verticale de l’action lunaire n’agit que sur la profondeur relativement très faible des océans.

En fait, si, reprenant notre hypothèse ci-dessus d’un océan de 5 000 mètres de profondeur uniforme entourant le globe, on calcule la marée produite sur lui par la composante horizontale de l’action lunaire, on trouve qu’elle est 600 fois plus ample que la marée due à la composante verticale.

L’intumescence produite au lieu où la terre est zénithale, — abstraction faite de la rotation terrestre, — y est causée, non par l’action verticale de la lune, mais par la rencontre, par le conflit des courants de marée venus de toutes parts en ce point, et qui s’y heurtent en produisant un immense bourrelet liquide. On comprend facilement maintenant pourquoi les mers relativement étroites et sans communication suffisante avec les grands océans, — comme la Méditerranée, — sont presque dépourvues de marées. Supposons un instant la lune au zénith du centre de la Méditerranée. La différence des actions lunaires en ce point, et à l’extrémité de cette mer, est trop faible pour produire des courants horizontaux capables de créer, par leur conflit au point central, une intumescence importante.

Mais le phénomène n’est pas encore aussi simple que cela. D’abord, il y a l’action perturbatrice du soleil qui, pour être un peu plus faible que l’action lunaire, n’en est pas moins importante. Or