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reproche à la conception einsteinienne d’être « si complètement vide de tout contenu physique. » Je dirais plutôt, au contraire, la comparant aux doctrines antérieures, et singulièrement à la newtonienne, que de toutes elle est la plus complètement vide de tout contenu métaphysique, occulte. Par son contenu physique, — dont elle a élagué tout ce qui ne l’était point, — elle ne le cède à nulle autre, bien au contraire, puisque nous lui devons des faits physiques nouveaux insoupçonnés de ses devancières.

Ces querelles de détail, sur des points que l’on peut discuter et que l’on discutera toujours, n’enlèvent rien à la haute valeur de l’exposé si clair et si compréhensif que M. Fichot a fait d’une des questions scientifiques les plus difficiles de l’heure présente.

Il cite quelque part la remarque de Laplace, qu’il ne faut pas mesurer la simplicité des lois de la nature par notre facilité à les concevoir. Cette pensée est à rapprocher de : « La nature ne se soucie pas des difficultés analytiques. » M. Fichot attribue cet aphorisme célèbre à Fourier. On a coutume d’en laisser la paternité à Fresnel. Qui a raison ?

J’aime assez, parmi d’autres non moins imagées, cette définition que notre auteur donne de l’éther : monstre physique dont on sait tout lorsqu’on a compris qu’il est incompréhensible. Tel est en effet à peu près le dernier mot de la science là-dessus.

La place me manque pour suivre notre guide à travers le savant dédale de son exposé. Je dois me borner à quelques points essentiels et caractéristiques.

La partie de la surface terrestre qui est tournée vers la lune (et qui a celle-ci à son zénith) est attirée par elle plus que le centre de la terre qui est plus loin. Cette différence d’attraction n’a pas d’effets considérables, en première analyse, sur la croûte terrestre solide, à cause de sa rigidité qui l’empêche à peu près de se déformer. Au contraire, les liquides des océans subissent docilement cette action et forment une intumescence dirigée vers la lune. Pour la même raison, à l’antipode du point terrestre qui a la lune à son zénith, les liquides océaniques étant plus loin d’elle que le centre de la terre, sont moins attirés que lui et forment une intumescence symétrique de la première et dirigée en sens contraire. La terre tourne en vingt-quatre heures (en vingt-cinq heures par rapport à la lune.) Un lieu donné aux bords des océans rencontre donc successivement dans ce temps les deux intumescences en question. De là les deux marées diurnes qu’on observe généralement.