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rigoureuse propriété. » Enfin, deux des plus grands noms de la littérature française sont étroitement unis à celui de Port-Royal. Les bustes de Pascal et de Racine placés à l’entrée du musée de Port-Royal sont de bons emblèmes. Certes, Pascal ne doit pas son génie à Port-Royal, mais, — c’est encore une remarque de Renan, — il lui doit « sa vérité. » On en peut dire autant de Racine : ses maîtres ne firent pas seulement de lui un bon helléniste, ils lui donnèrent leur vérité, cette vérité janséniste qui fait le tragique de son théâtre ; et il est aussi janséniste, autant par la forme que par l’intention, son Abrégé de l’histoire de Port-Royal.

Le souvenir de grandes vertus et de chefs-d’œuvre immortels, des fantômes et des gloires, voilà donc ce qui aujourd’hui nous rend Port-Royal si cher et si vénérable. Ce sont les hommes qui nous attirent, non la doctrine. Mais comme, pour une large part, ces hommes durent à cette doctrine l’originalité de leur génie ou la beauté de leur caractère, nous voulons connaître le fond de la dispute où les avait engagés leur conscience de chrétiens. Pour cela nous ne pouvons trouver meilleur guide que Gazier : son ouvrage n’est pas seulement une belle contribution à l’histoire religieuse, c’est la confession d’un janséniste qui, lui, ne répudie rien de l’héritage de Port-Royal.

André Hallays.