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jansénisme et celle de la Compagnie de Jésus. Il faut y ajouter encore les précieux papiers de Grégoire dont on connaît le rôle dans les affaires de l’Eglise constitutionnelle : registres originaux des deux conciles de 1797 et 1801, registres des presbytères de Paris et de la cultuelle de Notre Dame, quinze à vingt mille lettres conservées par Grégoire et d’innombrables brochures. Le fonds janséniste est d’une telle richesse qu’après la guerre la bibliothèque a pu prendre sur ses doubles 12 000 volumes pour les expédier à Louvain.

En écartant les simples curieux et les hommes de parti, Gazier se savait fidèle au vœu de ceux qui lui avaient confié le dépôt de ces livres. Il était non moins sûr d’obéir à la volonté de ses commettants, lorsque lui-même livrait au public quelques-uns des documents les plus intéressants de cette grande archive, et les faisait servir à la gloire de Port-Royal ou à la défense du jansénisme. D’ailleurs jamais il n’a écrit un livre, un essai, un article qui traitât d’un sujet différent. Il eût été content qu’on fit pour lui la même épitaphe qui fut gravée sur la tombe de M. Le Nain de Tillemont : A puero usque ad vitæ finem unus semper ac sibi constans, quotidie repetiit quod quotidie fecit.

« Il s’agit de Pascal, écrivait-il un jour : l’honneur de Port-Royal est en cause... » L’honneur de Port-Royal ! Ce fut à le venger qu’il consacra tout son labeur d’historien et de critique. Afin de confondre les calomnies extravagantes du P. Rapin, il édita les six volumes des Mémoires de Godefroi Hermant, mémoires pesants et touffus, mais indispensables à qui veut connaître les querelles religieuses du XVIIe siècle. — Pour répondre aux historiens qui prétendaient établir une opposition entre la tradition port-royaliste et la tradition salésienne, il publia la correspondance de sainte Jeanne de Chantal et de la mère Angélique, ainsi qu’une lettre de Saint-Cyran à l’amie de saint François de Sales. — Lorsqu’il conta les dernières années de Retz, ce fut pour jeter quelque lumière sur les mystérieuses relations du Cardinal avec les jansénistes, et, fort du témoignage d’Arnauld, il crut sincère la conversion du vieil intrigant. — S’il s’attarda à dessiner la figure du prince de Conti, ce fut que ce bossu vicieux et cruel revint dans les voies de la pénitence sous la direction de l’évêque Pavillon.— Sainte-Beuve ayant parlé sans respect de Lancelot, « une de ces natures avant tout secondaires, modestes, saintement