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LES
JOURNÉES DE FÉVRIER 1848
D’APRÈS DES SOUVENIRS INÉDITS

Mon grand-père [1] et mon père [2] étaient tous deux députés en 1848. Mon grand-père, directeur général de l’Enregistrement et des Domaines, qui par deux fois avait été élu député du Lot sous la Restauration, représentait ce département depuis l’avènement du roi Louis-Philippe. Mon père, maître des requêtes au Conseil d’Etat, avait été lui aussi nommé député du Lot, en 1846. L’un et l’autre faisaient partie de la majorité conservatrice qui soutenait le cabinet formé en 1840 par M. Guizot et qui porte dans l’histoire le nom de cabinet du 29 octobre.

Dans « cette société polie, bienveillante et lettrée [3] » qu’alors sans épithète on nommait le monde, mon père entretenait, malgré une différence d’âge marquée, de précieuses relations avec divers personnages dont il se plaisait à recueillir les enseignements. L’un d’eux, M. Hébert, dernier garde des sceaux du Gouvernement de Juillet, lui conta certains incidents qui marquèrent en haut lieu les journées de février 1848 et que mon père mit alors par écrit. Observateur attentif des événements, mon père écrivit également une relation de faits dont il fut témoin durant ces mêmes journées.

En réunissant ces notes, j’ai composé ce récit.

  1. Jean Calmon, directeur général de l’Enregistrement et des Domaines, vice-président de la Chambre des députés.
  2. Marc-Antoine Calmon, membre de l’Institut, sous-secrétaire d’État au ministère de l’Intérieur et préfet de la Seine sous la présidence de M. Thiers, et vice-président du Sénat.
  3. Guizot, Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps, t. II, chap. XII.