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peuvent évoluer isolément, s’enchevêtrer l’un dans l’autre.

Il y a les sciences qui, par leurs théories profondes, nous apprennent quelque chose sur les forces qui nous enveloppent. Il y a les applications multiples des sciences à l’industrie, à la médecine, à l’hygiène ; les distances rapidement franchies ; les forces naturelles mises à notre service. Il y a aussi les arts qui charment l’esprit et, ouvrant de vastes horizons, nous permettent de dépasser notre pauvre ambiance matérielle. Mais il y a surtout l’amour de la liberté et de la justice : le respect des droits d’autrui ; le culte de notre dignité individuelle.

Tous ces concepts, distincts essentiellement, se confondent, s’entrecroisent, pour faire ce que nous appelons tout simplement la civilisation.

Et je ne saurais d’ailleurs donner de la civilisation future, que, dans mon optimisme incorrigible, malgré les tristesses de l’heure présente, je prévois si belle, une image plus saisissante que celle qui a été présentée dans la dernière encyclique du Pape Pie XI. Elle retrace en termes vigoureux les préceptes de solidarité humaine qu’il convient, aux temps troublés que nous traversons, de présenter aux jeunes générations.


En résumé, si l’on venait à me demander ce que doit être la civilisation de demain, je ne répondrais que par ces deux mots, fatidiques et dominateurs : Science et Justice.

Charles Richet.