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toute récente. Chaque jour amène une découverte. Chaque jour, on lutte avec plus de succès contre les infections et les intoxications microbiennes. La vaccination jennérienne était une bien belle œuvre : pourtant ce n’était que de l’empirisme, tandis que maintenant on possède le secret des vaccinations, puisqu’on a découvert le principe de l’atténuation des virus. Si, comme c’est quelque peu vraisemblable, on réussit à trouver des vaccins atténués pour toutes les maladies, toutes les maladies seront vaincues. Et ce sera un des plus grands triomphes de la civilisation sur la barbarie.

À vrai dire, l’admiration sans limite qui m’anime pour l’œuvre de Pasteur et pour la science médicale moderne ne m’empêche pas de supposer que les progrès à accomplir sont peut-être supérieurs encore aux progrès accomplis. Pour la médecine comme pour les autres sciences, nous assisterons à des transformations imprévues. Peut-être même l’élément médical de notre civilisation sera-t-il celui qui connaîtra les métamorphoses les plus stupéfiantes.

Heureusement, les foules, qui, en fait de droit international, sont engluées dans leur exécrable routine, ont grand enthousiasme pour les innovations médicales, et s’initient volontiers à tous les progrès de la médecine. C’est bien simple. Il s’agit de notre santé, de notre précieuse santé, et alors tout ce qu’on va dire nous intéresse vigoureusement. Il n’est pas un progrès de la science médicale, et spécialement de la thérapeutique, qui ne pénètre tout de suite dans les milieux populaires.


IV


Donc, parce qu’elles nous apportent la connaissance des choses, et parce qu’elles nous soumettent le monde de la matière, les sciences, médecine, physique, chimie, contribuent à civiliser. Aux premiers temps de son évolution, à la surface de l’humble planète qu’il habite, l’homme ne savait pas profiter des trésors qu’elle renferme. Il ignorait qu’il y a des pierres noires qui sont capables de produire force et chaleur. Il ne savait ni travailler les métaux pour en faire des instruments de labour ou de guerre ; ni féconder son champ par des engrais adaptés ; ni fabriquer des couleurs, des explosifs, des parfums ; ni faire des poteries, des miroirs, des lentilles qui lui per-