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de surmonter les difficultés que son exécution soulèvera. Trop de monde a intérêt à empêcher la réconciliation parfaite de la France et de l’Italie pour qu’il ne convienne pas de laisser le moins de temps possible aux intrigues de nos ennemis.

Ainsi que le comte Vimercati me l’a répété, au nom de Votre Altesse, je sens que le secret le plus absolu est une condition essentielle du succès de la présente négociation, aussi elle peut y compter d’une manière absolue de notre part.

Je ne doute pas que le secret ne soit aussi bien gardé à Paris qu’à Turin, mais il me paraît essentiel de ne pas mettre Gramont dans la confidence, qui n’est pas toujours assez en garde vis-à-vis du cardinal Antonelli, qui excelle dans l’art de pénétrer les véritables intentions des diplomates avec lesquels il a affaire.

Je ne saurais terminer cette lettre sans exprimer à Votre Altesse ma profonde reconnaissance pour ses efforts constants en faveur de la cause italienne qui lui doit déjà tant. J’espère que, lorsqu’elle aura triomphé définitivement, Votre Altesse verra qu’elle n’a pas travaillé pour des ingrats, et qu’en concourant à la résurrection d’un peuple opprimé, elle aura puissamment contribué à rendre la France plus forte et plus glorieuse. Je prie Votre Altesse Impériale de vouloir bien agréer la nouvelle assurance de mon profond et respectueux dévouement.

C. CAVOUR.


Cette dernière lettre ne précède que de quelques semaines la mort de Cavour, survenue, comme on sait, à Turin, le 6 juin 1861.


FRÉDÉRIC MASSON.