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regrette avec moi. Je me console toutefois en pensant que si, dans une époque peu lointaine, le Roi pourra faire son entrée à Rome, Votre Altesse l’y accompagnera.

Je prie Votre Altesse de vouloir bien agréer l’hommage de mon respectueux dévouement.

C. CAVOUR.


Turin, le 2 avril 1861.

Monseigneur,

Je prends la liberté d’offrir à Votre Altesse Impériale, comme hommage de ma respectueuse reconnaissance, la traduction des deux discours sur la question romaine que j’ai prononcés dernièrement à la Chambre des députés. Les idées que j’ai exposées, la solution que j’ai indiquée, sont en grande partie identiques à celles que Votre Altesse a développées avec tant de force et d’éloquence dans le Sénat.

Le pouvoir temporel du Pape n’est plus compatible avec le développement des principes de la civilisation moderne. Les catholiques de bonne foi en France, aussi bien qu’en Italie, ne tarderont pas à le reconnaître. Les discussions qui ont eu lieu à Paris et à Turin doivent exercer sur l’opinion publique une influence salutaire, et par conséquent faciliter la tâche de l’Empereur qui consiste à réconcilier l’Etat avec l’Église, le Pape et l’Italie.

J’ai reçu hier au soir, de Paris, des nouvelles alarmantes. Il parait que le général Klapka est maintenant d’avis qu’une révolution en Hongrie est inévitable. Si elle arrive, ce sera un événement très fâcheux. Je crois qu’il est de mon devoir de faire tous les efforts pour l’éviter ou du moins pour la retarder. Il est évident que la Hongrie n’est pas préparée, tandis que l’Autriche est en mesure de déployer d’immenses forces militaires, soit sur le Pô, soit sur le Danube. Engager la guerre dans ce moment, c’est jouer le jeu de notre ennemi. Je pense que Votre Altesse partage cette manière de voir, et qu’elle voudra employer son influence pour calmer l’impatience des Hongrois et des Polonais. Après tout, si la guerre éclate malgré nous, nous ferons notre devoir, et la France n’aura pas à rougir de ses alliés.

Je prie Votre Altesse d’agréer l’hommage de mon respectueux dévouement.