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(Réponse expédiée le 5 mars à midi 35 m.)


Au roi Victor-Emmanuel, à Turin.


Je remercie le Roi d’Italie de ses félicitations.

Le peuple Français approuve ce que j’ai dit.

Signé : NAPOLEON (Jérôme).


Paris, ce mardi 5 mars 1861.

Cher beau-fils,

Je suis fâché de voir, par ta lettre, que le moment de t’embrasser ainsi que la chère Clotilde est retardé ; je comprends pourtant très bien qu’il ne pouvait pas en être autrement. Le service que tu viens de nous rendre par ton discours est bien grand et je t’en remercie nouvellement par écrit : en ce monde, il est facile d’avoir des opinions, mais il est bien difficile de savoir les soutenir en face du monde entier. Si tous ceux qui sont au pouvoir avaient le même courage que toi et moi, certainement les choses seraient bien simplifiées : au moins, on saurait sur quelle voie on marche, car ici-bas..., plus on porte la tête haute au milieu des difficultés, plus on a raison, et la vérité, quelque dure qu’elle soit, luit toujours au milieu des ténèbres. Ma conduite, j’espère, le prouvera toujours. Je trouve notre position actuelle assez difficile ; nous venons de vaincre bien des difficultés, les choses intérieures demandent un grand travail, mais avec de la patience et du dévouement, on en viendra à bout. Les difficultés politiques à mon point de vue sont plus graves, de quelque manière qu’on les considère, car me mettant pour un instant du côté de mes ennemis, je sais ce que j’aurais à faire, et je m’étonne qu’ils ne le fassent pas. Il me faudrait cette année de repos pour finir bien des choses, mais je n’ose pas l’espérer, car on sait que nous en avons besoin. En un mot, dans quelque position que je me trouve, même la plus difficile, avec aide, ou sans aide, tu ne me verras pas hésiter un instant, mes ennemis trouveront un os bien dur à ronger, et j’irai toujours en avant.

Je désire pourtant aller lentement avec Rome, car elle sera obligée de venir d’elle-même, et en brusquant, on n’obtiendra pas le même résultat ; lorsque je verrai le moment propice, je te prierai de parler à l’Empereur. Je te remercie, au nom de