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de bons conseils à Turin et rectifier plus d’une erreur à son retour à Paris. Je me permets toutefois de soumettre à Votre Altesse un doute sur l’opportunité d’une visite au Saint-Père. Dans ce moment, la France, la Sardaigne et le Pape, sont dans de si singuliers rapports que je ne sais trop quelle attitude Votre Altesse pourrait avoir à Rome. D’ailleurs Votre Altesse courrait le risque d’exposer la princesse Clotilde à ne pas entendre, de la bouche du Pape, le panégyrique de son père. J’avoue toutefois que, sous un certain aspect, je désirerais fort que Votre Altesse allât à Rome. Je suis certain qu’elle dirait son fait à Gramont, qui est, tour à tour, indolent et flatteur avec Antonelli, sans jamais cesser d’agir envers nous en ennemi déclaré.

Que Votre Altesse me permette de terminer en lui faisant observer que l’espoir de la revoir à Turin est d’un bon augure pour l’année 1861, et que, si Votre Altesse trompait mes espérances, cela porterait malheur à nous, et à la cause dont elle a toujours été le généreux soutien.

Je prie Votre Altesse d’agréer l’assurance de mon profond dévouement.


Turin, 6 janvier 1861.

Monseigneur,

J’ai l’honneur de communiquer à Votre Altesse Impériale, la dépêche télégraphique suivante :

(En chiffres.)


Turin, 6 janvier, 9 heures soir.

Dépêche pour le Prince Napoléon.

« Je remercie Votre Altesse. Je suis tout à fait d’avis d’accepter. Je ne doute pas que le Roi ne consente. — Demain matin, je ferai réponse officielle au Chargé d’affaires de France. »

Signé : Cavour.

Je suis avec le plus profond respect, Monseigneur, de Votre Altesse Impériale, le très humble et très obéissant serviteur.

J. DE GROPELLO.