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dépêches qui sont arrivées cette nuit relatives à cette affaire. Malgré leur mauvais vouloir, je crois toutefois que nous pourrions arriver à rétablir la ligne de Rome, si l’Empereur chargeait le duc de Gramont de demander au cardinal Antonelli de laisser subsister les poteaux que nous planterons d’Orvieto à Viterbo.

A Naples, les affaires vont bien. Les résultats du vote universel ont été des plus satisfaisants. Sauf quelques localités dominées par des bandes réactionnaires, tout le monde a voté pour l’annexion au règne de Victor-Emmanuel. Un grand nombre par conviction et sentiment, beaucoup aussi par peur du garibaldisme. Les conservateurs sont ceux qui ont montré le plus de zèle à voter. La sentence que le peuple napolitain vient de rendre autorise tout à fait notre Roi à attaquer Capoue et Gaëte. C’est ce qu’il compte faire après-demain.

Capoue sera abandonnée ou prise facilement. L’obstacle sérieux, c’est Gaëte. Il est très difficile de s’en rendre maître en l’attaquant uniquement par terre. Pour réussir, il faut le concours d’une flotte. La nôtre est prête à agir, Persano étant de retour à Naples avec toutes ses frégates. Ce qui nous embarrasse, c’est la présence des vaisseaux de guerre étrangers dans le port de Gaëte. Nous nous flattons que ceux de la France ne se placeront pas sur notre route pour nous empêcher d’agir. Qu’elle ne veuille pas reconnaître le blocus de la place, cela se conçoit jusqu’à un certain point, mais que ses vaisseaux nous empêchent, par leur présence, d’attaquer, ce serait une espèce d’intervention qui ne peut entrer dans les projets de l’Empereur. Je prie Votre Altesse de vouloir bien s’intéresser pour que des instructions précises soient envoyées à l’amiral de Tinan. On peut le faire facilement, car on communique télégraphiquement avec Naples, par Ancône et les Abruzzes.

Je ne renouvelle pas à Votre Altesse la prière de me faire parvenir les informations qu’elle recueille sur Varsovie. Les intéressantes communications qu’elle a bien voulu faire au comte Gropello, me prouvent qu’il n’est pas besoin de la solliciter, pour qu’elle veuille bien s’intéresser à nous.

Il me reste à lui adresser une nouvelle demande. Il s’agit de la cession de vieux fusils de la part du Gouvernement français. Votre Altesse verra ce dont il s’agit par la note ci-jointe, et par les éclaircissements que lui fournira le colonel Filippi, si elle veut bien avoir la bonté de le recevoir.