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directement du Cabinet de l’Empereur m’avait prévenu de son arrivée, et m’avait engagé à ne pas accepter ses offres. En présence de ce fait, Votre Altesse comprendra qu’il m’était impossible de conseiller au Roi d’employer le général.

On m’annonce de Paris une modification importante dans le Cabinet de l’Empereur. Je serais bien reconnaissant à Votre Altesse si Elle voulait bien me faire connaître la vérité à cet égard, et surtout la signification politique que ce changement doit avoir.

J’espère bien qu’il n’indique pas une reculade devant Rome et le clergé, qui serait également fatale à la France et à l’Italie. Nos péchés ne sont pas susceptibles d’absolution. Le Pape ne nous la donnera jamais. Il faut nous y résigner. De la faiblesse envers lui, loin de le rendre plus raisonnable, éloignerait indéfiniment l’époque où il sera amené, par la force des choses, à consentir à une transaction acceptable.

Farini rencontre bien des difficultés à Naples, mais il a la conscience de les surmonter. Certes, l’unification de la péninsule ne sera pas l’œuvre d’un jour ; il faudra bien du temps et des efforts pour fondre les divers éléments qu’elle renferme ; cependant je ne vois rien d’impossible dans la tâche que la Providence nous a imposée, surtout si l’Empereur ne nous retire pas son aide et son appui. Il ne le fera pas ; il ne voudra pas déchirer une des plus belles pages de son histoire : celle qui doit constater la part glorieuse qu’il aura eue à la régénération de l’Italie.

Je prie Votre Altesse d’agréer l’hommage de mon respectueux dévouement.

C. CAVOUR.


24 novembre 1860.

Monseigneur,

Je suis bien reconnaissant à Votre Altesse Impériale pour la lettre qu’elle a bien voulu m’écrire. Depuis que je l’ai reçue, la situation a bien changé. Les concessions faites à la Hongrie, et l’envoi du générai Bénédek en Italie, ne nous laissent aucun doute sur les intentions de l’empereur d’Autriche ; il ne reste à savoir que si les souverains qu’il a trouvés à Varsovie, auront assez d’influence sur lui pour lui faire ajourner ses idées agressives.

Nous agissons comme si nous devions être attaqués, réunissant et préparant tous nos moyens d’action. Nous ne nous