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bien, s’il voulait nous aider, faire voyager sa flotte. On dit que l’amiral a un faible pour une des deux Reines ; en un mot, il s’est réglé insolemment envers moi. Vimercati te montrera sa correspondance. — Tâche aussi de me faire renvoyer les batteries et les régiments de cavalerie qui se sont rendus aux Français, à Tarracina, au moment que, rejoints par mon armée, ils avaient déjà commencé à traiter pour se rendre à nous. J’ai surtout besoin des chevaux.

Je te prie de me dire si la proclamation que j’ai faite à Ancône, avant de marcher sur Naples, n’a pas déplu à l’Empereur. Dis bien des choses à ma fille et embrasse-la tant de ma part, je lui écrirai si je pourrai, car je fais le dictateur ici et suis accablé d’affaires. Pense à nous. Je t’embrasse.

Ton très affectionné beau-père,

VICTOR-EMMANUEL.

P. S. — Les Bourbons, et puis Garibaldi, ont tellement bouleversé ce malheureux pays, que c’est un chaos.


Turin, 24 novembre 1860.

Monseigneur,

Le Roi a expédié directement à Paris le comte Vimercati. Je ne doute pas que Sa Majesté l’ait chargé d’une mission pour Votre Altesse Impériale dont il doit s’être acquitté à l’heure qu’il est. J’espère qu’avec l’aide de Votre Altesse le comte Vimercati réussira à obtenir de l’Empereur les mesures nécessaires pour que l’attaque de Gaëte, par mer, devienne possible. Dans sa bienveillance pour le Roi et pour l’Italie, il ne voudra pas persister dans un système qui, en prolongeant indéfiniment l’agonie du roi François II, augmente immensément les difficultés que nous avons à vaincre, soit à l’intérieur, soit à l’extérieur.

Le général Mierowslasky m’a remis, il y a peu de jours, une lettre de Votre Altesse dont il était porteur. J’ai été heureux de satisfaire au noble désir qu’il m’a manifesté de combattre dans les rangs de notre armée pour la cause de la liberté, persuadé, d’après la recommandation que Votre Altesse lui avait faite, qu’il aurait pu nous rendre des services signalés. Mais une cause majeure, que j’ai jugé prudent de ne pas lui faire connaître, m’a forcé à décliner ses offres, pour le moment du moins. L’avant-veille de son départ de Paris, un avis provenant