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RÉCEPTION
DE M. GEORGES GOYAU
À L’ACADÉMIE FRANÇAISE

M. Georges Goyau a prononcé le 15 janvier son remerciement à l’Académie. Et il a tenu, dès les premiers mots, à prendre rang, non point parmi les académiciens frivoles, mais parmi les studieux. Il a attesté son bon vouloir. « Je vous promets le mien, a-t-il dit à ses nouveaux collègues ; je vous le promets laborieux, assidu. Être un travailleur au milieu de vous, un travailleur avec vous tous, ne sera-ce pas le meilleur moyen, non point certes d’acquitter, mais du moins de reconnaître la flatteuse dette de gratitude qui m’attache à vous ? » Il a promis de s’occuper des familles nombreuses et des candidats aux prix de vertu. Dans ce désir de se rendre utile, il y a, si l’on y réfléchit, une charmante modestie, avec un peu de cet orgueil humble et fier qui mûrit dans l’âme des savants. M. Goyau, au début de son discours, a dédaigné de faire un sacrifice aux grâces, comme c’est l’usage des nouveaux académiciens, et même de ceux qui attendent le moins d’elles. On a bien vu qu’il prenait son entrée dans cette Compagnie comme une affaire sérieuse.

Debout entre Mgr Baudrillart et M. Doumic, M. Goyau paraissait comme sculpté par un imagier dans un style ascétique. Cette figure gothique ne manque pas de style. Il parle en hochant la tête, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche. Il distribue la parole à tous les rangs de l’hémicycle. Quelquefois il lève le visage vers le ciel, et ses yeux sont remplacés, dans leurs profonds orbites, par deux lumières blanches, qui sont le reflet du jour d’hiver sur les verres du lorgnon.