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LES VIERGES AUX ROCHERS
ET
LA LÉGENDE DE LA JOCONDE

La réouverture de la National Gallery succédant aux remaniements et aux inaugurations solennelles de nos salles de peinture, au Musée du Louvre, a remis en question l’authenticité de l’une des deux Vierges aux rochers attribuées à Léonard de Vinci.

Cette attribution simultanée, par deux grandes collections nationales, de deux œuvres en apparence si semblables, à l’illustre maitre qui n’en a peint qu’une seule, on le sait, vers 1490-94, pose une question d’esthétique et un problème vincien qui peuvent être résolus, si l’on veut les étudier attentivement, en écartant les légendes trop longtemps accréditées autour des principales œuvres du maitre.

On sait que la National Gallery croit tenir deux arguments décisifs en faveur de sa thèse.

Le premier s’appuierait sur ce fait, incontesté, que sa Madone provient, ainsi que les deux Anges musiciens des volets, de cette ancona de l’église Saint-François, que les Servites de Milan commandèrent à Ambrogio da Predi et à Léonard, en 1484. Ces panneaux furent achetés, en 1796, par Colvin Hamilton qui les céda à Lord Suffolk ; puis ils passèrent, directement, de Charlton Park dans les collections britanniques.

D’autre part, Lomazzo, qui suivit Léonard en France, a