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plus n’a rien obtenu des tentatives qu’elle a faites pour participer au travail de la reconstitution industrielle de la Russie.

Comment peut-on expliquer l’échec de ces tentatives ? Outre les raisons d’ordre général, il est une raison particulière qui, jusqu’ici, a formé un obstacle insurmontable à la réussite de ces expériences, Le Gouvernement des Soviets met comme condition préalable à tout arrangement, l’ouverture de crédits, sous forme d’emprunts ou d’avances, consentis au Pouvoir bolchévique. Le Gouvernement bolchévique a posé cette condition préalable aux conférences de Gênes et de la Haye et tout récemment encore Tchitchérine l’a confirmé dans une interview accordé au correspondant lausannois de l’Information. Enfin, cette condition préalable est posée par les bolchévistes dans tous leurs pourparlers avec les groupes financiers particuliers. C’est ainsi que, tout récemment, le Gouvernement des Soviets, en répondant à la proposition, du reste vaine, d’un groupe de banques allemandes qui sollicitait une concession de sucreries dans le midi de la Russie, a posé comme condition préalable à la conclusion d’un accord, le versement de 80 millions de roubles or, dont 30 millions sous forme d’un emprunt consenti au Gouvernement soviétique et 50 millions sous forme d’ouverture de crédits. Des conditions analogues ont été posées par le Gouvernement à l’occasion des pourparlers avec des groupes français (concessions de forêts, concessions de mines de pierres précieuses).

Ces demandes d’avances s’expliquent par le fait qu’après avoir gaspillé tous les stocks dont ils avaient hérité du régime précédent et n’obtenant qu’un rendement pour ainsi dire nul de l’économie nationale russe ruinée par eux, les bolchévistes envisagent les crédits en question comme le seul et unique moyen de conserver pendant quelque temps encore le pouvoir entre leurs mains.

Il nous reste à répondre à une objection qui nous a été faite en maintes occasions. On nous dit : « Vous êtes fort dans la critique et dans la négation. Mais quel est le programme positif dont vous proposez la réalisation pour rendre possible l’œuvre de la reconstitution économique de la Russie ? »

Pour toute réponse, nous ne pouvons que répéter ce qui, en plusieurs occasions, a été formulé par les grandes associations qui représentent à l’étranger les intérêts des banques, de l’industrie et du commerce russes, et qui sont composées des hommes