Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 14.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

malsaine. Cela, de l’aveu des bolchévistes eux-mêmes.

C’est le président du bureau permanent des congrès de l’Industrie et du Transport nationalisés, le communiste Holtzmann, qui a déclaré au journal la Vie Économique (n° du 1er septembre 1922) : « L’animation apportée dans l’économie nationale russe par la nouvelle politique n’est jusqu’à présent qu’une animation purement pathologique. Cette animation se manifeste surtout par l’ouverture des restaurants, cafés, cercles, cafés-concerts, etc. Quant à l’industrie, à la grande industrie nationalisée, la politique nouvelle ne l’a pas touchée et elle continue à vivre sous l’ancien régime communiste. »

Cette animation, qui frappa si fort l’imagination de certains visiteurs étrangers des magasins et des restaurants de Moscou et de Pétrograd, coûte d’ailleurs très cher au pays : en effet, elle provient en grande partie de la liquidation, sous le couvert de la nouvelle politique, des tout derniers restes des stocks accumulés sous le régime précédent. Le Président de la Commission du commerce intérieur, Lejava, dans une conférence faite le 3 novembre 1922 au Cercle économique de Pétrograd (Vie économique du 5 novembre 1922), a dit à ce sujet : « La première année de la nouvelle politique économique peut être définie comme une année de liquidation à tout prix des stocks. Les résultats de cette liquidation ont été, d’après le Conseil supérieur de l’Economie nationale, les suivants : le fonds de roulement de l’industrie (stocks de matières premières, combustibles et objets de fabrique) a été, au début de la première année de l’application de la nouvelle politique, de 500 millions de roubles-or. A l’heure actuelle, après une année et demie de la nouvelle politique, il ne reste plus de ce fonds de roulement que la moitié : 260 millions de roubles. »


Il est une dernière question que nous posera nécessairement le lecteur français : quelle est la politique que les Gouvernements étrangers doivent suivre vis à vis du Gouvernement des Soviets, et est-il possible d’obtenir, dans le domaine économique, des résultats pratiques en renouant des relations officielles ou privées avec le Pouvoir bolchévique ? Cette question est particulièrement légitime de la part des étrangers qui, — comme les Français, — ont placé leur épargne en Russie et ont ainsi contribué