Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 14.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

propagande, le Gouvernement bolchevique a dilapidé rapidement cette réserve. Nous ne possédons malheureusement aucun renseignement permettant d’établir avec précision la valeur du stock d’or qui reste encore entre les mains du pouvoir soviétique, puisque nous n’avons pas de données sur la valeur des objets précieux provenant du système de pillage organisé ; mais, étant donnés les chiffres des déficits de la balance commerciale, on peut affirmer qu’il ne reste plus que peu de chose de l’or légué par le régime précédent et que les commerçants étrangers sont payés actuellement avec de l’or et des pierres précieuses confisqués et volés dans les églises et à des particuliers. Il reste peut-être encore comme dernière ressource les diamants de la Couronne, que les bolchévistes gardent pour leur onzième heure et qu’ils cherchent pour le moment à liquider à l’étranger.

Les stocks de marchandises légués par le régime précédent étaient encore plus considérables que les réserves d’or. D’après les calculs approximatifs que nous trouvons dans les rapports présentés au Congrès des représentants des Finances, du Commerce et de l’Industrie (mai 1921), calculs établis surtout sur la foi de documents bolchéviques, les stocks dont disposait la Russie, au moment du coup d’Etat bolchévique, représentaient un milliard de pouds de blé, 305 millions de pouds de naphte, 104 millions de pouds de houille, 12 millions de sagène cubes de bois de chauffage et de construction, 50 millions de pouds de fonte, etc.

Ces stocks, qui, en temps normal, eussent représenté à peine la consommation d’une année, et qui ne se sont pas renouvelés, touchent à l’épuisement complet : la preuve en est dans les indications répétées qu’on rencontre dans la presse soviétique ; en vain les pouvoirs soviétiques prescrivent-ils la plus grande parcimonie dans la dépense des stocks disponibles et soulignent-ils fréquemment la nécessité de les faire durer, si possible, jusqu’au moment où l’on aura pu intensifier le rendement de l’industrie soviétique.

Le troisième moyen est l’émission de papier-monnaie. Le Gouvernement bolchévique la pratique dans des proportions inconnues de l’histoire monétaire. Au moment où les bolchévistes se sont emparés du pouvoir, la circulation des roubles papier était de dix-huit milliards de roubles et, d’après les