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Elle dépensait de ce chef 20 roubles 42 copecks ; elle ne dépense actuellement, d’après le statisticien bolchévique Popoff, que 3 roubles 41 copecks, c’est-à-dire sept fois moins.

En ce qui concerne le rétablissement du système d’impôts, les résultats de la nouvelle politique financière ont été aussi peu productifs. Les raisons en sont multiples. La première, et peut-être la plus importante, est que la nouvelle politique économique n’a pas donné les résultats qu’on en avait attendus. Elle a bien rétabli, dans des cadres restreints, la liberté du commerce et de la petite industrie, mais la nouvelle matière imposable résultant de la nouvelle politique économique ne pouvait servir de base sérieuse à un système d’impôts productif.

Contrairement aux espérances du Gouvernement des Soviets, le retour aux impôts anciens n’a produit que des sommes insignifiantes, malgré l’élévation continue du chiffre des impôts qui, sous le régime de la nouvelle politique soviétique, sont plus lourds que les impôts d’avant-guerre. Ainsi, les impôts supportés par l’industrie atteignent actuellement 30 p. 100, contre 5 p. 100 avant la guerre.

L’augmentation d’impôts a provoqué un accroissement d’arriérés, tel qu’aucun pays du monde n’en a connu jusqu’à présent. C’est ainsi que, pour les huit mois janvier-août 1922, les arriérés se montent à 4 436 milliards de roubles pour les impôts frappant l’industrie, ce qui représente 23 p. 100 des sommes encaissées. Pour les impôts indirects, les arriérés sont de 16 009 milliards de roubles, soit 96,4 p. 100 des sommes encaissées. Pour les droits de douane, la somme des arriérés est encore plus énorme : 43 710 milliards de roubles, soit 662 p. 100 des sommes encaissées. {Messager des Finances, du 5 octobre 1922.)

L’industrie nationalisée travaille à perte et vend ses produits au-dessous du prix de revient : elle ne peut donc pas faire payer par les consommateurs les contributions directes et indirectes qu’elle verse à l’Etat. Elle supporte elle-même le poids de ces contributions qui augmentent d’autant ses déficits. Le seul moyen qu’elle ait, pour couvrir ces déficits, est le recours aux subventions de l’État qui lui sont octroyées à l’aide de nouvelles émissions de papier-monnaie, ou la consommation de son capital et de ses stocks. C’est sur le produit de la liquidation des stocks accumulés pendant les régimes précédents que l’industrie a payé à l’État la plus grosse partie d’impôts.