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sort de l’industrie restera incertain, tant que ne sera pas créée pour cette industrie une atmosphère économique et psychologique normale. » Ainsi, dans les cadres du régime bolchévique, même amendé par la nouvelle politique économique, la reconstitution de l’industrie est irréalisable.

D’après le rapport que le bolchéviste de marque, Groman, a fait au début de décembre dernier devant le « Gosplan » (Commission suprême pour l’élaboration du programme de l’activité économique de l’État), aucune amélioration n’est à constater dans l’industrie depuis 1920 ; au contraire, une forte tendance à la diminution se manifeste dans la production industrielle et dans l’extraction des combustibles. Quant aux transports ferroviaires, ils donnent lieu aux constatations suivantes : diminution du trafic, augmentation du nombre de wagons inutilisables et renouvellement insuffisant des rails et des traverses. Le pays, déclare Groman, est en train de consommer son capital.

Pour illustrer la situation, le rapporteur insiste, avec plus de détails, sur l’état de l’industrie du Donetz. Là, malgré une tendance à l’accroissement de la productivité du travail, la production ne cesse de baisser par suite de la diminution du nombre des travailleurs. Cette diminution est la conséquence de l’impossibilité, d’un côté, d’assurer l’entretien d’un nombre suffisant d’ouvriers et, de l’autre, de disposer des moyens techniques nécessaires pour organiser le travail d’un nombre plus grand d’ouvriers.

Quant aux salaires moyens, ils atteignent à peine 30 pour 100 du chiffre d’avant-guerre.

Le rapporteur passe ensuite en revue la crise des matières premières. Les stocks de coton, de laine, de lin, ont subi une forte diminution. Les stocks de fonte ont baissé, du 1er janvier 1921 au 1er avril 1922, de 22 à 8 millions de pouds, les stocks de naphte de 104 à 30 millions de pouds. La capacité d’achat de la population a diminué de 60 pour 100. Le rapporteur estime que cet épuisement des forces économiques du pays ne peut aller qu’en s’accentuant, et que, dans ces conditions, il est vain d’espérer de stabiliser le rouble. Il n’aperçoit de salut que dans un secours venu de l’extérieur, notamment dans un contact plus étroit de l’économie russe avec l’économie mondiale.

Passons à la situation des transports nationalisés. Elle n’est pas meilleure, sous le régime de la nouvelle politique, que celle de l’industrie.