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transports et du commerce extérieur que le Gouvernement des Soviets considère comme les « hauteurs qui commandent les positions » et qui doivent, par conséquent, rester entre les mains de l’État.

Voici la situation de cette industrie après l’application par le Gouvernement des Soviets, pendant plus d’une année, de la « nouvelle politique économique. » Dans la Pravda du 1er décembre 1922, le bolchéviste notoire Larine essaie de dresser le bilan de l’industrie nationalisée pour les neuf premiers mois de 1922. Voici les résultats auxquels il arrive !

Pour cette période de neuf mois, les recettes brutes de l’industrie nationalisée ne dépassent pas 720 millions de roubles, tandis que les dépenses atteignent 890 millions de roubles. Par conséquent, l’industrie nationalisée a éprouvé pendant les neuf premiers mois de 1922 un déficit net de 24 p. 100. Une partie de ce déficit a été couverte par des subventions de l’Etat et le reste par la liquidation d’une partie des réserves. D’après les données publiées par le Conseil suprême économique, l’industrie nationalisée avait, à la fin de 1922, seulement pour 380 millions de roubles de capitaux de roulement (matières premières, etc.) au lieu de 550 millions au début de l’année. Elle fut, par conséquent, forcée, pour couvrir le déficit, de procéder à la liquidation de 30 p. 100 de ses disponibilités.

Ces résultats déplorables s’expliquent par le fait que la « nouvelle politique économique » n’a en réalité rien modifié dans les principes sur lesquels les bolchévistes ont fondé l’organisation de l’industrie. Les « trusts d’État » créés après l’inauguration de cette politique, pour remplacer les Directions centrales, n’ont réalisé qu’un changement de façade et, comme l’avoue l’auteur de l’article sur la nouvelle politique industrielle, publié par la revue Renaissance économique (n° 1 de l’année 1922, p. 53) éditée à Pétrograd, n’ont de commun que le nom avec les trusts industriels européens. « La vie d’une entreprise industrielle, dit l’auteur de cet article, suppose toute une série de conditions : l’entreprise doit avoir à sa disposition des capitaux suffisants, elle doit pouvoir en temps utile compléter ses stocks de matières premières et de combustible, disposer de la main-d’œuvre nécessaire et fixer les conditions du travail, posséder un marché d’écoulement et s’adapter à ses exigences, etc. Les trusts ne réalisent aucune de ces conditions. Le Gouvernement n’a pu