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D’après un mot du Commissaire aux Finances, Krestinsky, que nous ne faisons que reproduire, — le budget soviétique de 1920, dont le déficit atteint 98 pour 100, est tout simplement un « budget de dépenses, » ou, mieux encore, un « budget d’émission de papier monnaie. »

Devant la catastrophe qui menaçait l’existence même du pouvoir bolchévique, le Gouvernement des Soviets a cherché, d’une part, une issue à cette situation critique, et, d’autre part, les moyens de se concilier les larges masses des populations rurales qui s’étaient dressées, les armes à la main, contre la réquisition forcée des produits agricoles. Il adopta une nouvelle politique économique. C’est le fameux « nep, » inauguré à la fin du mois de mars par un discours de Lénine, discours dans lequel le dictateur bolchévique a ouvertement reconnu que la politique du communisme intégral a échoué devant les exigences de la vie et l’opposition des paysans.


NOUVELLE ORIENTATION DE LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE DES SOVIETS

La nouvelle politique économique du Gouvernement des Soviets peut être formulée de la manière suivante :

1° Devant l’opposition des paysans, les pouvoirs soviétiques renoncent au système de réquisition des excédents de la production agricole pour créer un impôt en nature (prodnalogue). Tout agriculteur peut librement disposer des excédents qui lui resteraient après le paiement de l’impôt. Il a le droit de les vendre sur le marché.

2° Par conséquent, comme suite de la création de l’impôt en nature, le Gouvernement admet la liberté du commerce.

3° Le Gouvernement des Soviets cherche à augmenter le rendement des entreprises nationalisées en les réunissant en trusts, en les organisant» sur des bases commerciales, » c’est-à-dire en leur accordant une autonomie au point de vue de l’achat des matières premières et du combustible, de la vente des produits, etc.

4° Pour alléger le budget de l’industrie nationalisée, le Gouvernement des Soviets autorise l’affermage des entreprises dont l’État ne peut pas assurer l’exploitation avec bénéfices. Toutefois, les branches les plus importantes de l’industrie et des transports, « les hauteurs qui commandent les positions, » d’après l’expression de Lénine, doivent rester entre les mains du Gouvernement.