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comme dans les autres Etats belligérants, des changements profonds. Au point de vue agricole, la superficie ensemencée subit une certaine diminution (de 10 à 20 pour 100), par suite du départ de la population masculine et de l’occupation par l’ennemi d’une partie des territoires de la Russie. Le commerce extérieur surtout eut à souffrir de la fermeture des frontières. En revanche, l’industrie fut très peu atteinte : la production de la grande industrie qui avait baissé au début de la guerre, par suite de la mobilisation, s’est ensuite relevée et est revenue aux chiffres d’avant-guerre, les dépassant même dans certains cas. La production de la fonte qui avait été, en 1913, de 256 millions de pouds était, en 1915, de 224 millions et, en 1916, de 231 millions de pouds. La production de la houille qui était, en 1913, de 1 744 millions de pouds, atteignait 2 060 millions de pouds en 1916. La production du naphte passait de 561 millions de pouds, en 1913 à 602 millions de pouds en 1916. La guerre a, en outre, stimulé la naissance en Russie de nouvelles branches de production dans le domaine des industries chimique, électrotechnique, etc. De nouvelles voies ferrées importantes ont été construites pendant la guerre, telles que le chemin de fer de Mourmansk qui relia la Russie avec un port de mer qui ne gèle pas et qui ouvrit à l’exploitation de grandes richesses forestières.

La Russie a dû, comme d’ailleurs la plupart des Puissances belligérantes, recourir aux émissions de papier monnaie pour financer la guerre. La circulation monétaire passa de 1 633 millions de roubles au 16-29 juillet 1914, à 9 950 millions de roubles au 1er mars 1917. La révolution de mars n’a pas manqué de produire une forte inflation et, à la veille du coup d’Etat bolchévique, la circulation des billets de crédit se chiffrait par 18 362 millions de roubles, soit le double du chiffre atteint après trois années de guerre. Le change du rouble sur Londres variait entre 27 et 30 roubles pour la livre sterling. Le disagio était d’environ 210 en moyenne.

Bien que, du fait de la guerre, la Russie ait eu à souffrir dans sa situation économique, elle avait toutes chances de se relever promptement et de guérir ses blessures dans un temps relativement court. Elle restait, en effet, le principal fournisseur de produits alimentaires, ainsi que des matières premières nécessaires à l’industrie qui manquaient après la guerre à