Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 14.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CINQ ANS DE
DICTATURE BOLCHÉVIQUE
LE BILAN ÉCONOMIQUE

Au cours de ces derniers mois, l’état économique de la Russie actuelle a été l’objet des appréciations les plus contradictoires. Nous avons fait appel à un juge dont nul ne saurait contester la compétence technique et l’autorité morale, — le comte Kokovtsoff. On se souvient que le comte Kokovtsoff, qui, dès le début de sa longue carrière administrative, s’était tourné vers les questions de finances et de comptabilité publiques, succéda au comte Witte, comme ministre des Finances en 1894. En 1911, l’Empereur lui confia, en outre, la présidence du Conseil des ministres, qu’il conserva jusqu’au mois de février 1914.


Lorsqu’un étranger jeté dans l’exil par le flot de violences qui a submergé dans sa patrie les bases mêmes de l’organisation et de la vie de l’Etat, est amené, sur cette terre étrangère, à élever la voix et à dire, — devant l’opinion publique du pays dont il reçoit l’hospitalité, — des paroles de vérité sur le sort de son pays, sa situation est toujours très délicate et grande est sa responsabilité.

La situation devient encore plus difficile, lorsque cet étranger, de toute son âme, par toute son activité et par toutes ses conceptions, appartient au passé de son pays, y occupait un certain rang et garde religieusement le souvenir de tout ce qu’il y avait dans ce passé de lumineux, de grand et de beau ; lorsqu’il tient pour indigne de lui de cacher ses sentiments et de renier ses souvenirs et considère comme son droit d’appeler ouvertement ennemis de sa patrie ceux qui ont porté la main