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a voulue et choisie, il ne se sent assuré ni de son droit, ni de sa force, ni de sympathies extérieures, ni de l’union indéfectible de tout le peuple allemand. Il suffit que nous persévérions pour l’emporter.

L’organisation générale est aux mains du général Dégoutte, commandant l’armée d’occupation. A trois reprises, M. Le Trocquer, ministre des Travaux publics, et le général Weygand se sont rendus dans la Ruhr pour assurer la coordination des services et étudier les mesures les plus propres à organiser les transports. Au retour de l’une de ces missions, le ministre et le général sont passés par Bruxelles où ils ont conféré avec le Gouvernement belge dont l’action est si étroitement associée à la nôtre. Il est question de créer un haut-commissariat qui centraliserait sur place toute la politique militaire et civile que la résistance allemande nous oblige à développer dans la Ruhr, et l’on a même précisé que cette fonction de haute confiance serait confiée au général Weygand, chef d’état-major du maréchal Foch ; on ne saurait assurément faire un choix plus heureux et plus justifié. L’autorité du Gouvernement, en face de l’Allemagne, a été renforcée le 1er février par le vote de la Chambre qui, par 483 voix contre 71, a ajourné les interpellations sur la politique extérieure ; M. Painlevé, au nom des républicains socialistes, et M. Herriot, au nom des radicaux-socialistes, ont déclaré qu’ils voteraient pour le Gouvernement, tout en réservant leur jugement, et M. Herriot a eu, cette fois, la satisfaction d’être suivi par ses troupes. Enfin les décisions de la Commission des réparations ont renforcé la valeur juridique de la thèse sur laquelle les Gouvernements alliés appuient leur action ; en réponse à l’Allemagne, qui, le 13 janvier, lui notifiait qu’elle cessait toutes livraisons pour le compte des réparations, la Commission, sous la présidence de M. Barthou, a constaté, le 26 janvier, par 3 voix et une abstention, le manquement général de l’Allemagne à toutes ses obligations résultant du Traité ; il n’y a donc plus lieu de statuer sur la demande de moratorium déposée par le Gouvernement allemand le 14 novembre ; l’état des paiements du 5 mai 1921 se trouve par le fait même remis en vigueur. Ainsi l’Allemagne, en droit comme en fait, est en révolte ouverte contre le Traité de Versailles.

En Allemagne, une opinion enfiévrée suit toutes les phases de cette « guérilla morale » que le Gouvernement mène contre le Traité de Versailles et contre les Alliés : la thèse, que répètent les journaux allemands et tous les amis de l’Allemagne, n’est ni compliquée, ni