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REVUE MUSICALE


Théâtre de l’Opéra : Cydalise et le Chèvre-pied, ballet en deux actes et trois tableaux, de G. A. de Caillavet et M. Robert de Flers ; musique de M. Gabriel Pierné. —Théâtre du Trianon-Lyrique : Le Mariage secret.


Enfin, voilà donc une œuvre dont on ne dira pas qu’elle représente un « effort honorable, » un « bel effort, » mais bien plutôt une réussite aisée et charmante.

Pourquoi s’en faut-il que la renommée de M. Pierné soit égale à son mérite ? Un écart aussi réel qu’injuste s’explique peut-être par l’absence complète chez le musicien, d’une faculté, d’une force, d’une puissance, que certains de ses confrères possèdent à un degré éminent. Ils l’ont solidement établie, ils l’exercent dans sa plénitude. C’est la puissance de l’ennui. Plus d’un « maître » contemporain ne s’impose et n’en impose que par celte maîtrise unique, mais reconnue et révérée aujourd’hui. Par elle on arrive à faire considérer, admirer même, comme le meilleur de tous les genres, celui que vous savez, le seul qu’on ne trouvât pas bon autrefois. Mais aucun, nous le répétons, n’est plus étranger à l’auteur de Cydalise. De Cydalise et d’autres ouvrages précédents, nombreux et divers. « Ah ! mon Daniel, quelle jolie manière tu as de dire les choses ! » Si l’on tutoyait M. Pierné, l’on pourrait lui parler à peu près, au prénom près, comme parle au petit Daniel Eyssettes son grand frère, dans le roman d’Alphonse Daudet. Mais ce n’est pas la seule manière de M. Pierné. Il en a d’autres, y compris parfois la manière forte. C’est ce que prouvent certaines pages de l’An mil, de la Croisade des enfants, et plus encore peut-être un quintette, puis un trio pour piano et cordes, deux œuvres de musique pure et de belle musique.

Une Croisade des enfants, un Saint François d’Assise n’ont pas