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ou une société civile à forme commerciale. Il devrait comprendre des représentants du chef d’entreprise ou du conseil d’administration ; du personnel dirigeant et technique ; du personnel ouvrier et employé de l’un et l’autre sexe.

L’Association écarte de ses attributions la gestion financière et le choix du personnel. Elle a eu soin de limiter même les questions techniques et commerciales et les questions ouvrières qui lui sont soumises.

Au cours des débats, M. Legouez, un des représentants patronaux, a dénoncé la grande part d’illusion que renferme l’idée de consulter l’ouvrier sur la direction générale à donner à la fabrication et sur les procédés d’exécution. Pendant la guerre, personne a-t-il jamais songé à consulter le soldat sur l’heure de l’attaque ou la désignation du point d’attaque ? « Il faut élever l’ouvrier, a-t-il ajouté ; il faut qu’il comprenne aussi complètement que possible le fonctionnement de l’usine ; il est indispensable que des conversations s’engagent entre le personnel dirigeant et les ouvriers sur les questions techniques et commerciales, mais la décision ne peut pas être remise à un comité. » C’est parfaitement juste.

Lors de sa dernière assemblée générale, l’Union d’études des catholiques sociaux, à la suite du rapport présenté par M. Crétinon, bâtonnier de l’ordre des avocats de Lyon, a émis aussi un vœu recommandant « l’institution progressive dans la grande industrie de Conseils d’usine formés des représentants des travailleurs et des patrons chargés d’étendre le champ d’application des contrats collectifs, d’arrêter les règlements d’atelier, de connaître toutes les difficultés relevant du contrat de travail et d’émettre des avis sur l’organisation technique et le rendement du travail dans l’entreprise. »


La doctrine se précise donc. Il est certain que le contact ne sera jamais assez étroit entre patrons et ouvriers. Tous ceux qui ont l’honneur de commander dans l’armée ou l’industrie savent l’importance de ce contact, nécessaire pour connaître les hommes avec leurs qualités et leurs défauts, pour pénétrer leur manière de voir et de sentir. Impossible de les mener sans tenir compte de leurs partis pris et de leurs préjugés. Pour ne pas les heurter de front, il faut les redresser ou les tourner, ce qui