Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’appui qu’elle sollicite, la Bolivie ne pousse trop loin ses exigences et n’augmente ainsi les chances de « guerre entre des pays qui doivent, en raison de leurs intérêts réciproques, devenir unis dans la paix, » dit le ministre des Affaires étrangères du Pérou à son ministre à la Paz.

Mais la situation paraissant s’aggraver, un traité d’alliance défensive fut signé entre le Pérou et la Bolivie, et des négociations entreprises à Buenos-Ayres pour faire entrer l’Argentine dans cette partie ; la Chambre des députés adopta le texte proposé par le Gouvernement, mais le Sénat l’ajourna. Le Gouvernement péruvien espérait, un peu naïvement, que le traité resterait secret, malgré les discussions parlementaires ; mais il fut connu du Chili, comme en témoigne cette dépêche de la Chancellerie chilienne à son ministre à Buenos-Ayres : « Mars 1874. L’alliance présumée du Pérou et de la Bolivie, dont vous me parlez dans vos dépêches confidentielles des 12 janvier, 22 et 26 février derniers, était parvenue à la connaissance de mon Gouvernement par diverses voies, et a été confirmée confidentiellement par l’honorable représentant du Brésil dans cette capitale. »

Des publications récentes il parait bien résulter que le Pérou n’a cessé, pendant cette période particulièrement, de jouer un rôle de conciliateur dans le conflit entre les deux Etats et en particulier de modérer la Bolivie dans ses revendications. Un traité fut conclu le 6 août 1874 : tout en laissant au Chili le territoire qui lui avait été cédé par la Bolivie en 1866, il faisait disparaitre beaucoup de causes de discussion ; toutefois il stipulait que : « les personnes, les industries ou les capitaux chiliens ne seront sujets à aucune contribution de n’importe quelle espèce autre que celles existant à ce jour, et cela pendant l’espace de vingt-cinq ans. » En outre, toute difficulté surgissant du traité devait être soumise à l’arbitrage.

Un incident de minime importance vint tout à coup précipiter les événements. Le dictateur Belgarejo avait donné à des sociétés chiliennes de très importantes concessions pour l’exportation des nitrates, et le nouveau Gouvernement, après avoir contesté la validité de ces titres, avait consenti à une transaction avec la compagnie moyennant une participation de 10 pour 100 dans les bénéfices de l’exploitation. Mais, en approuvant le sens général de cette transaction, le Parlement bolivien avait