Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/896

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de guilde, par lequel il espère transformer au profit des ouvriers les conditions de la production [1].

Aux Etats-Unis, le mouvement de démocratisation de l’industrie a pris depuis quelques années une extension remarquable. Après les encouragements du président Wilson, il a reçu ceux des évêques délégués au Comité catholique de guerre. Plus récemment, M. Nicolas Murray Butler, président de l’Université Columbia, lui a apporté l’appui de sa haute autorité morale. Conscient du malaise qui pèse sur le monde économique et sur le monde du travail, il conseille une réforme hardie, qui imposerait des sacrifices à ceux qui ont jusqu’ici recueilli la plus grande partie des bénéfices de l’industrie, mais dont on pourrait espérer un effet heureux pour créer un esprit sincère de coopération chez les ouvriers, et atténuer, sinon supprimer l’antagonisme des classes. Il ne s’agit de rien moins que de réorganiser le régime de l’usine de telle sorte que le capital, l’intelligence et le travail soient considérés comme des facteurs égaux de la production.

L’idée rencontre de chaudes sympathies auprès des rois de l’industrie américaine. M. John D. Rockfeller junior, directeur de la « Colorado fuel and iron Co, » de la « Manhaten-Railway Co, » de la « Merchants Fire assurance corporation, » dans un article qu’il vient de publier sur l’Esprit de collaboration dans l’industrie, écrit qu’il est essentiel pour le bien de la production que l’ouvrier soit étroitement associé avec le capital.

Un des Français qui connaissent le mieux l’Amérique d’aujourd’hui, M. Charles Cestre, professeur de civilisation américaine à la Sorbonne, nous fait connaître en détail l’organisation de ces Conseils d’ouvriers dans un grand nombre d’usines. Ils sont nés la plupart du temps de l’initiative patronale. Aux prises avec des difficultés sans cesse renaissantes pour les salaires, les heures de travail, la discipline, les patrons ont voulu faire confiance à leurs ouvriers. Il s’agissait autant d’effacer les malentendus provenant de la distance qui dans l’industrie

  1. Une statistique officielle juin 1921) évalué à 70, dont 59 en activité, le nombre des Conseils industriels mixtes établis conformément aux recommandations Whitley. Il a été constitué aussi trente-deux commissions provisoires de reconstitution industrielle dans des industries dont l’organisation tant patronale qu’ouvrière était insuffisante pour permettre la constitution immédiate de Conseils industriels mixtes.