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et ouvrières. Cette subordination est nécessaire sous peine d’anarchie. Les syndicats ont bien marqué leur attitude protectrice en mettant à la disposition des Conseils leur force financière et les ressources de leur ancienne et solide organisation.

Ils leur ont donné une aide particulièrement efficace en créant des centres d’instruction à l’usage des travailleurs qui pourraient être appelés à devenir membres des Conseils. En effet, les ouvriers allemands ont compris que leur ignorance en matière économique les empêcherait pendant longtemps encore de faire jouer aux Conseils le rôle qu’ils en attendaient. Des conférences sont organisées dans chaque localité par la Fédération générale des syndicats. Déprogrammé en est fort intéressant. Il comporte un cours d’économie politique et de science financière avec des notions de droit civil et commercial, de législation sociale et fiscale. Il prévoit aussi l’étude des répercussions du traité de paix sur la vie économique de l’Allemagne. Nous pouvons aisément deviner dans quel esprit sera donnée cette partie de l’enseignement.

Le Conseil économique fédéral a estimé la question assez importante pour en saisir le Gouvernement. Il l’a invité à prendre à sa charge une partie des frais qu’occasionne aux syndicats la préparation des membres des Conseils d’entreprise.

Voilà près de trois ans déjà que cette loi est en vigueur. Plusieurs enquêtes de presse ont été faites au sujet des résultats qu’elle a donnés. Le Haut-commissariat de Belgique dans les territoires rhénans a publié un rapport de M. Max Gottschalk, conseiller juridique, sur son fonctionnement. Enquêtes privées et officielles s’accordent dans les grandes lignes. D’une part, les Conseils d’ouvriers se sont efforcés d’étendre leurs attributions ; de l’autre, les industriels s’y sont opposés avec énergie. Ils se flattent d’y avoir réussi.

Quant à l’influence des Conseils sur les rapports entre les patrons et les ouvriers, elle dépend des circonstances. Là où les Conseils sont composés de vieux employés et d’ouvriers depuis longtemps au service de la maison, ils ont dans l’ensemble exercé une influence modératrice.

Mais là où les Conseils sont soumis à l’influence des partis avancés, leur action devient détestable. Elle relâche la discipline et rend l’exercice de l’autorité plus difficile. Les ouvriers montrent qu’ils n’ont même pas le souci de leur métier ou de