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Un de leurs premiers actes (Ordonnance du 28 décembre 1918) fut d’instituer des comités d’ouvriers et d’employés dans toutes les entreprises, administrations et services publics et privés employant vingt personnes au moins, en vue de protéger leurs intérêts économiques contre l’employeur.

L’Assemblée constituante à peine élue, le parti socialiste s’efforça d’y faire triompher l’idée à laquelle il tenait essentiellement, de consacrer le principe du contrôle ouvrier en l’inscrivant dans la Constitution. Le Gouvernement refusa d’abord. Un communiqué officiel du 20 février déclara que le Cabinet n’avait jamais pensé à introduire en Allemagne le système des Conseils. Mais alors éclatèrent des troubles ouvriers et des grèves si menaçantes que Scheidemann dut faire amende honorable. Une ordonnance fut rendue le 14 mars en faveur des Conseils d’entreprise ; elle posait les principes qui ont été introduits dans l’article 165 de la Constitution. Il précise que les ouvriers et employés sont invités à coopérer sur un pied d’égalité avec les patrons à la règlementation des salaires et des conditions de travail, ainsi qu’au développement économique général de l’entreprise. En vue de protéger leurs intérêts sociaux et économiques, les ouvriers et les employés seront légalement représentés dans les Conseils de travailleurs créés dans les entreprises particulières ; dans les Conseils de travailleurs de district, groupés selon les industries ; et dans le Conseil fédéral des travailleurs. De concert avec les représentants des patrons et des autres classes de la communauté intéressées, ces Conseils concourront à la formation de Conseils économiques de district et d’un Conseil fédéral économique.

L’inscription du principe dans la Constitution s’était faite sans difficulté. Il n’en fut pas de même du vote de la loi qui devait en régler l’application. Déposée quelques jours après le vote de la Constitution, le 9 août 1919, elle fut adoptée seulement le 18 janvier suivant. Le projet du Gouvernement suscita naturellement de violentes critiques aussi bien à l’extrême gauche qu’à l’extrême droite. Les partis avancés se plaignirent qu’on leur donnât seulement une caricature de la représentation ouvrière et soulevèrent à ce propos une violente agitation. Elle aboutit le 4 janvier à une émeute, qui fut arrêtée à coups de mitrailleuses sur les marches du Reichstag. Quant aux démocrates, leur opposition demeura impuissante devant la volonté