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la profanation. Walewski, dans ses dépêches au prince de la Tour d’Auvergne, renchérit encore sur Gramont, et me menace des foudres du ciel. Je ne sais trop que répondre à ce singulier argument.

J’espère que, malgré Gramont, nous finirons par nous tirer d’affaire, mais ce sera avec une extrême difficulté. Je prie Votre Altesse d’excuser le décousu de cette lettre écrite au milieu d’interruptions continuelles et d’agréer l’hommage de mon respectueux dévouement.

C. CAVOUR.


Le 6 juillet, l’Empereur, averti des dispositions de la Prusse et de la Confédération germanique, envoie le général Fleury, son aide de camp, pour remettre une lettre autographe à l’empereur d’Autriche, lui proposant un armistice. Le général Fleury atteint l’empereur d’Autriche à Vérone. Le 14 juillet au matin, une entrevue a lieu à Villafranca entre l’empereur Napoléon III et l’empereur François-Joseph. Le même jour, l’empereur Napoléon envoie le Prince Napoléon à Vérone pour arrêter les bases de la paix. Après une négociation assez difficile, le Prince rentre à Valeggio, apportant l’acceptation de l’Autriche, « le Roi (de Sardaigne) est assez satisfait. L’Empereur m’embrasse et est très content. » Le récit qu’écrivit le lendemain le Prince Napoléon a été publié dans la Revue en 1909 (tome LII, p. 481 et suiv.). Cavour, voyant ainsi brisées ses espérances, donna bruyamment sa démission. L’Empereur, sur le rapport autographe du Prince, écrivait au crayon cette courte phrase qui résumait la situation tout entière : « Il ne faut pas oublier qu’après Austerlitz, vient Iéna. »