Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/852

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’aurais bien d’autres choses à dire à Votre Altesse que je ne puis qu’indiquer par écrit.

Nos consuls dans les Principautés m’écrivent tout épouvantés, que leurs collègues de France viennent de recevoir de Walewski une protestation formelle contre l’appui donné par le prince Couza aux Hongrois. Le Prince ne sait que faire. Klapka est furieux et moi je ne sais en vérité que répondre à nos agents qui ne savent que faire des 20 000 fusils qui vont leur arriver.

Je supplie Votre Altesse de nous tirer du terrible embarras où Walewski nous met. C’est Votre Altesse qui a traité cette affaire. Pour l’amour du ciel, qu’elle ne l’abandonne pas ! Je suis certain qu’une conversation avec l’Empereur, ou même une lettre que Votre Altesse lui dirigerait, aplanirait toutes les difficultés et nous permettrait d’exécuter le plan, du succès duquel peut dépendre l’issue finale de la guerre.

Passant à des questions moins importantes, j’ajouterai deux mots à Votre Altesse sur celle des transports par les chemins de fer, qui doit l’intéresser du moment où le corps d’armée qu’elle commande devra être alimenté en partie par le port de Gênes.

Il a régné dans ces derniers temps beaucoup de confusion dans le service des chemins de fer. L’Empereur s’en est plaint et l’a attribué à notre administration. Je puis assurer Votre Altesse que celle-ci a fait tout ce qu’il a été humainement possible de faire dans les circonstances où elle s’est trouvée placée. S’il y a eu confusion et désordre, il faut l’attribuer : 1° au défaut d’ensemble dans les requêtes et les ordres transmis à l’administration. Le service des transports de l’armée française n’est pas centralisé. Les généraux, les intendants, à Gênes, à Alexandrie, à Novare, à Suze, réclament des wagons, donnent des ordres, sans aucun concert préalable ; ce qui rend le service infiniment plus difficile.

En second lieu, le service de déchargement des wagons se fait de la manière la plus imparfaite, faute d’un nombre suffisant d’employés de l’administration française pour le diriger. Nos chefs de gare ne peuvent pas décharger, lorsqu’il n’y a personne pour recevoir les objets expédiés. Il en est résulté, dans toutes les gares d’arrivée, des encombrements énormes. Celles peu étendues ont été plus d’une fois tellement bourrées de