Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/849

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’aurais désiré pouvoir tenir Votre Altesse au courant des opérations militaires, ainsi qu’elle a bien voulu m’en manifester le désir, mais je n’ai pas pu le faire, car il parait qu’aux deux quartiers généraux, on s’est donné le mol de ne rien dire à personne. J’ai eu beau écrire lettres sur lettres, multiplier les dépêches télégraphiques, m’adresser successivement à l’Empereur, au Roi, au maréchal Vaillant, au général La Marmora, je n’ai rien obtenu. On m’a traité jusqu’ici, en fait de nouvelles, comme on traite un commis dont on craint les indiscrétions. Il faut dire que ce n’est pas seulement en amour que « les absents ont toujours tort. »

Au reste, la satisfaction que j’éprouve des magnifiques résultats que nos souverains ont obtenus, me dédommage amplement du dépit que, comme ministre, je devrais ressentir.

J’ai revu hier M. Pietri et le général Klapka de retour de la Toscane. On est parvenu à mettre ensemble trois cents prisonniers hongrois. C’est un premier germe de Légion que nous allons nous occuper à faire fructifier, malgré les recommandations de Walewski, qui préfère chercher ses appuis dans la diplomatie hostile, que parmi les peuples prêts à se lever à la voix de la France.

Je renouvelle à Votre Altesse la prière d’excuser mon long silence et d’agréer l’assurance de mon respectueux et profond dévouement.

C. CAVOUR.


Le Comte de Cavour au Prince Napoléon.


Turin, le 15 juin 1859

Télégraphe a été cause d’un retard de trente-six heures. J’ai écrit à Mezzacapo que, s’il est encore temps, il exécute votre projet.

C. CAVOUR.


Le Comte de Cavour au Prince Napoléon.


Turin, le 15 juin 1859.

Dans ma dernière entrevue avec Empereur, Sa Majesté a daigné m’accorder que 2 000 Français resteraient en Toscane à disposition du Gouvernement. Celui-ci se rendrait responsable du maintien de l’ordre public.