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L’ITALIE LIBÉRÉE
(1857-1862)

LETTRES ET DÉPÊCHES

DU ROI VICTOR EMMANUEL II
ET DU COMTE DE CAVOUR

AU PRINCE NAPOLÉON

III [1]
DE GÊNES À VILLAFRANCA

Resté à Gènes après le départ de l’Empereur pour Alexandrie, le prince Napoléon devait compléter l’organisation de son corps d’armée (le cinquième), composé presque entièrement de troupes d’Afrique. Il avait adressé à ses soldats une proclamation où il disait : « Le pays qui fut le berceau de la Civilisation antique et de la Renaissance moderne va nous devoir la liberté. Vous allez le délivrer à jamais de ses dominateurs, de ces éternels ennemis de la France, dont le nom se confond dans notre histoire avec le souvenir de toutes nos luttes et de toutes nos victoires. »

Le Prince reçut le 17 mai une lettre de l’Empereur, lui prescrivant de s’embarquer avec la division Uhrich pour Livourne, d’où il gagnerait Florence. Il recevait de l’Empereur des instructions ainsi conçues : « Ne rien faire contre Bologne et contre les États pontificaux, tant que les Autrichiens n’auront pas violé la neutralité ; et, dans ce cas, expliquer, par une proclamation, l’entrée des troupes sur le territoire pontifical. » Pour plus de sûreté, d’accord avec le duc de Gramont, ambassadeur de l’Empereur près le Saint-Siège, le Prince rédigeait, le 18 mai, à Alexandrie où il s’était rendu près de l’Empereur, une note destinée au Gouvernement pontifical où se trouvaient énumérées les conditions déterminatives de la neutralité accordée aux Autrichiens pour leurs troupes stationnées dans les États de l’Église (Déclaration du 18 mai 1859). Le 19, le Prince expédiait à Livourne

  1. Voyez la Revue des 1er janvier et 1er février.